Il n’existe pas de méthode unique pour arrêter de fumer. Chacun, selon son degré de dépendance et ses raisons de fumer, doit trouver les éléments de sa propre méthode. Les médicaments disponibles pour accompagner le sevrage tabagique sont de deux types : les traitements nicotiniques de substitution (TNS) disponibles sans ordonnance et le bupropion et la varénicline sur ordonnance. À noter, la plateforme en ligne Tabagora.com (Institut Pierre Fabre de tabacologie) dédiée aux professionnels répond à la plupart des questions que posent la démarche de sevrage tabagique et l'usage des substituts nicotiniques.
Comment agissent les TNS ?
Ils sont destinés à compenser l’absence de nicotine due à la privation de tabac et à prévenir ainsi les symptômes du manque. Tous reposent sur le même principe : la diffusion lente et régulière de doses plus ou moins élevées de nicotine. À mesure que leur dosage diminue, ils permettent de se libérer de la dépendance physique. En revanche, ils n'agissent pas sur la composante psychologique et comportementale liée au geste de fumer. Le fumeur doit acquérir d'autres habitudes et apprendre à gérer autrement ses émotions et les moments de la journée où la cigarette est présente.
Sont-ils tous aussi efficaces ?
Les TNS existent sous plusieurs formes : comprimé à sucer, comprimé sublingual, gomme à mâcher, timbre (dispositif transdermique) ou dispositif pour inhalation. Les comprimés, gommes et inhaleur délivrent de la nicotine au coup par coup, permettant de gérer l'apport de nicotine en fonction des besoins du moment, alors que les patchs délivrent de la nicotine de manière régulière tout au long de la journée. À posologie équivalente, toutes ces formes ont la même efficacité.
Comment choisir la bonne dose ?
Le choix du dosage se fait en fonction du degré de dépendance initiale à la nicotine évaluée par le test Fagerström. Les fumeurs (très) fortement dépendants commencent par les dosages les plus forts, la quantité de nicotine administrée chaque jour est diminuée progressivement en tenant compte des signes éventuels de sous-dosage (insomnie, irritabilité, agitation, fringale) ou de surdosage (bouche sèche, état nauséeux, maux de tête, tremblements, palpitations). La grande majorité de ces symptômes disparaît en moins d'un mois, voire moins d'une semaine si l'abstinence est maintenue.
Quels sont les protocoles à suivre ?
Il y a deux façons d'arrêter la consommation : arrêt lors d'un jour prédéfini (arrêt brutal) ou arrêt en définissant une période de temps pendant laquelle le patient réduit progressivement sa consommation jusqu'à l'arrêt définitif. Le sevrage nécessite deux à trois mois au minimum en respectant les protocoles qui se déroulent classiquement en trois phases : une phase initiale, une phase de stabilisation et une phase de sevrage. Le traitement doit être planifié dès le début et il ne faut pas « brûler » les étapes au risque de rechuter. La dépendance physique disparaît en moyenne entre 3 semaines et 3 mois suivant les personnes. C'est le temps qu'il faut aux récepteurs nicotiniques pour revenir à un taux normal.
Peut-on associer plusieurs formes de TNS ?
Malgré une libération prolongée de nicotine, les patchs ne suppriment pas les envies compulsives de fumer qui peuvent survenir au cours de la journée. Les pastilles ou les gommes permettent alors de satisfaire ce besoin et calment le désagrément du manque et renforcent la volonté d'arrêter. L’association d'un patch et de comprimés à sucer par exemple, peut faciliter la désaccoutumance. Chacun doit choisir la forme qui lui convient le mieux en fonction de son activité professionnelle, de sa façon d'appréhender le sevrage, de sa sensibilité aux effets indésirables (gammes Nicorette, Nicotine EG, Nicotinell, NiQuitin, Nicopatch Lib Nicopass).
Les substituts nicotiniques n'entraînent-ils pas une accoutumance ?
Même si la nicotine des cigarettes et des substituts correspond à la même molécule, elle n'est pas administrée de la même façon. Il faut savoir que le potentiel addictif de la nicotine est principalement dû à sa vitesse d'absorption dans l'organisme. Fumer permet à la nicotine d'atteindre le cerveau en quelques secondes via le système artériel pulmonaire alors qu'elle diffuse très lentement par voie veineuse dans le cas des substituts, il n'existe pas de dépendance aux substituts nicotiniques.
Est-il dangereux de fumer quand on suit un TNS ?
Il n'est pas plus dangereux de fumer avec des substituts que de fumer sans TNS. C'est même parfois nécessaire pour les fumeurs qui ne veulent pas quitter la cigarette du jour au lendemain. Il est cependant recommandé de ne pas continuer à fumer trop longtemps sous TNS car cela augmente l'apport de nicotine et peut allonger la période de sevrage puisque les récepteurs nicotiniques sont alors plus longs à se refermer.
Quand recourir au bupropion et à la varénicline ?
En cas d'échec d'une thérapie comportementale et d'un traitement par substitut nicotinique, deux autres médicaments peuvent être proposés sous contrôle médical en dernière intention. Le bupropion commercialisé en France sous le nom de Zyban, est une aide au sevrage tabagique en complément d'un soutien de la motivation à l'arrêt du tabac. La varénicline commercialisée sous le nom de Champix, est une substance qui a la propriété de se lier à certains récepteurs à la nicotine. Elle aide à soulager les symptômes de manque et permet de réduire les effets de plaisir liés au tabagisme.
Pour ou contre la cigarette électronique ?
La cigarette électronique avec ou sans nicotine n’est pas un produit de consommation anodin. Même si elle en renferme moins de nicotine que la cigarette traditionnelle, elle contient des produits toxiques. À ce jour son efficacité et son innocuité n’ont pas été suffisamment évaluées. En France, la HAS ne la recommande pas comme outil de l’arrêt du tabac mais considère que son utilisation temporaire ne doit pas être découragée chez un fumeur qui a commencé à vapoter et qui veut s’arrêter de fumer.
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