Les outils du sportif pour mesurer l’effort

Un cardiofréquencemètre pour Noël ?

Publié le 29/11/2010
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Cardiofréquencemètre, podomètre… Divers outils sont proposés au sportif pour évaluer son effort. Mais à qui s’adressent-ils réellement ? Sont-ils recommandés ou au contraire, leur utilisation est-elle superflue ? Quelques notions sur ces dispositifs sont essentielles au comptoir.
En pratique, la fréquence cardiaque pendant l’effort doit correspondre à 60 % de la FC max

En pratique, la fréquence cardiaque pendant l’effort doit correspondre à 60 % de la FC max
Crédit photo : DR

« JE COURS RÉGULIÈREMENT. On m’a conseillé d’acheter un cardiofréquencemètre, qu’en pensez-vous ? ». Cette question pourrait tout à fait être posée à l’officine. Tout d’abord, rappelons qu’un cardiofréquencemètre sert à mesurer la fréquence cardiaque. Il se compose de deux éléments, une ceinture émettrice et une montre réceptrice. La ceinture se place autour du thorax. La fréquence cardiaque est enregistrée grâce à deux électrodes disposées de part et d’autre du sternum. La montre permet de convertir les données envoyées par l’émetteur en valeurs numériques, plus facilement interprétables. Il est essentiel que les électrodes adhèrent bien à la peau pour ne pas enregistrer en plus les secousses liées au mouvement. « Il arrive fréquemment que des patients consultent, inquiets des chiffres obtenus avec leur cardiofréquencemètre. Les chiffres sont simplement erronés du fait de l’enregistrement concomitant des secousses », explique le docteur Denys Barrault, médecin du sport et des activités physiques(1). Autre élément à vérifier, l’étanchéité des électrodes. Leur sensibilité à l’eau, sueur ou pluie, peut également fausser les résultats.

À quoi ça sert ?

À moins de connaître quelques notions de cardiologie, la mesure de la fréquence cardiaque a peu d’intérêt. En revanche, le fait que la plupart des cardiofréquencemètres définissent une zone cible est plus intéressant. Plus précisément, le cardiofréquencemètre définit une zone basse et une zone haute, calculée selon un algorithme précis sur la base de la fréquence cardiaque maximale (FCmax). La fréquence maximale cardiaque théorique est calculée selon la formule 220 moins l’âge. En pratique, la fréquence cardiaque pendant l’effort doit correspondre à 60 % de la FCmax. Chez le sportif amateur, le cardiofréquencemètre permet donc d’indiquer si le niveau d’effort fourni est suffisant, sans être excessif. L’utilisateur aura préalablement enregistré son poids, sa taille, son âge et son sexe. « L’utilisation d’un cardiofréquencemètre n’est cependant pas indispensable quand on pratique un sport. Le fait de respirer plus fort mais sans gêne suffit à graduer son effort. On parle d’aisance respiratoire. En général, le cardiofréquencemètre permet surtout de rassurer les personnes inquiètes » souligne Denys Barrault. Chez le sportif de haut niveau, c’est-à-dire jeune, habitué à faire des efforts, et dont le cœur a été testé par différents moyens, la mesure de la fréquence cardiaque est réalisée dans un autre but. Elle lui permet d’évaluer sa consommation d’oxygène et de se situer par rapport à l’intensité de son entraînement. Cela implique d’avoir préalablement mesuré la fréquence cardiaque ainsi que la consommation d’oxygène pendant l’effort au cours d’une épreuve d’effort en laboratoire.

Une confusion facile peut s’installer dans l’esprit de l’utilisateur peu averti, peut-être entretenue par des messages commerciaux tendancieux. Non, le cardiofréquencemètre ne permet pas de diagnostiquer des anomalies cardiaques. Il est à différencier du holter, dispositif médical portable permettant l’enregistrement de l’électrocardiogramme pendant plusieurs heures chez un sujet en activité, et utilisé à des fins diagnostiques par les cardiologues.

Comment choisir ?

Les cardiofréquencemètres disponibles sur le marché sont plus ou moins sophistiqués. Rien ne sert de choisir un appareil trop complet dont l’utilisation s’avère compliquée. Certains disposent d’une alarme, qui alerte quand les limites de la zone cible sont dépassées. Certains modèles proposent un minicoach électronique, pour guider et adapter l’exercice à l’objectif recherché par le sportif (perte de poids, augmentation de la masse musculaire). Les cardiofréquencemètres les plus récents offrent la possibilité de transcrire les données sur un ordinateur, intéressant pour les sportifs qui tiennent un carnet de suivi. Enfin, il est préférable de choisir un modèle avec cryptage des fréquences, afin d’éviter les interférences avec d’autres cardiofréquencemètres.

Dans la même catégorie que les cardiofréquencemètres, il existe les pulsomètres, destinés à mesurer les pulsations au niveau du poignet. Ils sont sans grand intérêt.

Enfin, il existe des appareils destinés à mesurer la force musculaire. Ils sont principalement utilisés en musculation, pour adapter un programme de renforcement musculaire.

Dans tous les cas, l’utilisation des appareils destinés à mesurer l’effort ne doit pas faire oublier l’importance d’être à l’écoute de son corps. Le cardiofréquencemètre par exemple est surtout utile pour apprendre à mieux se connaître, pendant les phases d’entraînement, de repos ou de récupération. D’autre part, les données obtenues n’ont d’utilité pour adapter l’entraînement ou augmenter les performances que si elles sont bien interprétées, par des professionnels du milieu sportif par exemple, des médecins du sport ou des pharmaciens spécialisés dans ce domaine.

1) : conseiller scientifique pour le guide Vidal Sport et Santé.
› DAVID PAITRAUD

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2793