« Bonjour Monsieur Martin, ! Vous pouvez patienter sur la banquette en face de vous pour votre vaccin. » Depuis quelques années, ce genre de phrases s’entend de plus en plus au sein des officines. Les nouvelles missions dont la vaccination, diversifient le travail mais aussi modifient l’accueil des patients, notamment des personnes âgées. La barrière physique du comptoir s’efface peu à peu pour laisser place aux cabines de soins dédiés aux tests, à la vaccination, à l’orthopédie, à la téléconsultation et aux entretiens pharmaceutiques. Mais attention, pas question d’y planter uniquement une chaise et une table, l’aspect froid et impersonnel tend à être gommé au profit du confort et du bien-être des patients. Esprit maison et pharmacie cocooning vont ainsi de pair pour les agenceurs.
Se projeter dans le quotidien
« Pour garantir un bon accueil des personnes âgées en pharmacie, l’aménagement joue un rôle essentiel. Nous concevons des espaces d’attente confortables et accessibles, avec des assises adaptées, une circulation fluide et une signalétique claire », explique Inès Coiffard, de la Société 3ADS, avant de poursuivre : « Nous intégrons également des zones confidentielles, faciles d’accès, pour permettre des échanges discrets et respectueux. L’objectif étant de créer un environnement à la fois fonctionnel, rassurant et accueillant, pensé pour le bien-être de tous les patients, quel que soit leur âge. » L’espace attente est également pensé et réfléchi pour les séniors, avec une ou plusieurs assises et des documents à feuilleter. Magazines, brochures, flyers… bien que de plus en plus à l’aise avec le numérique, les personnes âgées conservent un attrait pour le support papier, se révélant pratique pour entamer des discussions avec l’équipe officinale.
Ainsi, avec la canne accrochée au repose-canne dédié, bien assis et intéressé par du matériel médical, le patient sénior a tout le confort nécessaire pour oser poser des questions, surtout si le rayon maintien à domicile est mis en avant. « Ce rayon peut gagner en impact grâce à des zones de démonstration, un design chaleureux et une signalétique claire. En recréant des espaces de vie, comme la salle de bains, ou la chambre, on permet aux clients de tester les produits comme des lits médicalisés, fauteuils roulants, cannes et déambulateurs, et de mieux se projeter dans leur quotidien », précise Inès Coiffard. Sans oublier les vitrines qui peuvent faire office de décor voire d’écrin pour ces différents articles, pas forcément des plus séduisants au premier abord.
Un habitat sur mesure
Le maintien à domicile étant un enjeu de santé publique, l’adaptation et la sécurisation de l’environnement sont incontournables pour favoriser le bien-être et l’autonomie des personnes âgées. « Chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, l’institutionnalisation est souvent mal vécue et ressentie comme une perte de liberté. Il y a un fort risque de glissement et de perte de suivi neurologique », souligne Manon Auffret, Dre en Pharmacie et chercheuse en neurosciences. À la demande du patient ou du professionnel de santé, dont le pharmacien d’officine, un audit à domicile peut être réalisé afin d’identifier les besoins des patients. « Le maintien à domicile dans de bonnes conditions permet aussi de préserver l’autonomie, la vie sociale et l’intimité, ainsi que tous les repères, les habitudes de vie, le réseau amical et familial, sans oublier l’animal de compagnie », explique Manon Auffret.
Cet audit est donc très pertinent pour les habitats des personnes malades, atteintes de handicaps physiques ou de maladies neurodégénératives, comme Alzheimer ou Parkinson, dont les fonctions motrices et de coordination sont diminuées. La priorité numéro 1 est d’éviter tout risque de chute, en pensant à retirer les tapis et autres objets au sol, en privilégiant les surfaces anti-dérapantes, en améliorant l’éclairage (exemple des chemins lumineux automatiques) et en pensant aux aménagements extérieurs. Le produit phare des agences de location et de vente pour le maintien à domicile est bien sûr le lit médicalisé et ses accessoires : relève-buste, relève-jambes, matelas d’aide à la prévention des escarres ou encore potence très utile pour les transferts ou repositionnements.
Chez les personnes atteintes d’Alzheimer, un lit médicalisé très bas et sans barrières sera recommandé afin de minimiser le risque de chute. Il convient d’aménager également la salle de bains en privilégiant les douches à l’italienne avec chaise ou fauteuil de douche et sol antidérapant. En l’absence de douche, un siège sécurisé sera installé dans la baignoire. Des barres d’appui peuvent être accrochées pour favoriser la sécurité, notamment dans les toilettes où un réhausse-WC peut se révéler également utile. Autre produit plébiscité des agences de location d’appareil médical : le fauteuil roulant, manuel ou électrique. L’habitation devra alors être réagencée afin de faciliter la circulation et les manœuvres du fauteuil.
Une réévaluation nécessaire
En cas de besoins d’aménagement plus conséquents (salle de bains, monte escalier, cuisine), des sociétés comme DOMetVIE peuvent être contactées afin de faciliter les travaux, en analysant les besoins spécifiques au domicile et en dirigeant le chantier jusqu’à la réception. En outre, DOMetVIE accompagne les patients et aidants pour simplifier la mise en place du dispositif MaPrimeAdapt’.
Bien sûr, le maintien à domicile a ses limites. « Il faudra penser à l’institutionnalisation en cas d’assistance pour toutes les activités de la vie quotidienne, de troubles cognitifs importants, de risques de chute élevé, ou si l’aidant est dépassé, voire en l’absence de soutien social », précise Manon Auffret avant de conclure « Le pharmacien est un bon conseiller dans ces situations grâce à son rôle dans le suivi et la coordination du parcours de soins ». Au pharmacien de sortir dorénavant de son officine pour accompagner les séniors et gagner leur confiance.
Penser télé assistance
Utile pour les personnes seniors en perte d’autonomie, la télé assistance permet de contacter une aide extérieure en cas d’urgence (chute, malaise) grâce à des objets connectés, équipés d’un transmetteur les reliant à une plateforme d’appel, joignable 7j/7, 24h/24. Ces dispositifs sont des bracelets détecteurs de chute, des capteurs de mouvement, détectant une anomalie ou une absence de mouvement prolongée, ou bien une ligne d’écoute. Le dispositif de télé asssistance fonctionne avec un système d’abonnement. Classée parmi les services à la personne, la télé assistance peut donner droit à des crédits ou réductions d’impôts à hauteur de 50 %.
Article précédent
Les arguments pour convaincre
Article suivant
Polymédication et médicaments inappropriés : cap sur la réduction
Comment aider nos corps à mieux vieillir
Le bénéfice-risque du lecanemab en question
Les arguments pour convaincre
À la maison comme à l’officine
Polymédication et médicaments inappropriés : cap sur la réduction
Se saisir de l’enjeu de préparation et de suivi des traitements
l’IA PharmIAge détecte les erreurs de prescription
Garder le contrôle sur le vieillissement cutané
Signes de l’âge : des compléments alimentaires pour mieux les dépasser
Trois ordonnances chez le senior
A la Une
Venlafaxine, quétiapine : prévoir un été sous tension
Nouvelle mission
Dépister l’hypertension à l’officine, c’est déjà une réalité en PACA
Risque d'overdose mortelle
Neuf benzodiazépines de synthèse sur la liste des stupéfiants
Mobilisation de la profession
Baisse du plafond des remises génériques : les pharmaciens s’apprêtent à frapper plus fort