- Monsieur Rambaud ? C’est moi, Marion, dit la pharmacienne d’une voix forte en entrant dans la maison du vieil homme après avoir sonné à la porte.
Comme d’habitude, la radio est allumée et une odeur de tabac froid donne à Marion l’envie irrésistible d’ouvrir les fenêtres.
« Il doit être en train de faire ses mots croisés », songe-t-elle en déposant les paquets de protection urinaire dans le salon.
- Monsieur Rambaud, vous êtes là ?
Lorsqu’elle entre dans la cuisine, Marion pousse un cri puis instinctivement, pose une main devant sa bouche. Face à elle, Monsieur Rambaud est assis dans son fauteuil, les yeux dirigés vers le plafond et la bouche entrouverte.
Marion se ressaisit et, timidement, s’approche de l’homme immobile. Elle est à moins d’un mètre de lui lorsqu’elle entend la porte d’entrée claquer.
- Monsieur Rambaud, c’est l’infirmière.
- Merde, la vieille, dit soudain le vieil homme en s’animant.
Marion sursaute ; en quelques secondes, elle sent la colère monter.
- Monsieur Rambaud, je vous ai cru mort.
- C’était bien l’idée. Vous n’avez pas d’humour Docteur.
- Ne refaites plus jamais cela, compris ?
- Je fais ce que je veux. Vous avez le pansement que je vous ai demandé ?
L’infirmière entre dans la cuisine.
- Bonjour Monsieur Rambaud, salut Marion. Ça va ?
- Non ça ne va pas. Monsieur Rambaud s’amuse à faire le mort.
- Ah, il vous a fait le coup aussi ?, répond l’infirmière imperturbable. Monsieur Rambaud, le jour où vous serez réellement mort, on ne vous croira même plus.
- Je ne suis pas un gamin. Faites votre travail et ce sera très bien.
- Toujours aussi gentil…
- Chut, dit soudain l’homme. J’écoute les infos.
Exaspérée par l’attitude de Monsieur Rambaud, Marion pose le sac de médicaments sur la table, le regarde et lui dit :
- La prochaine fois, venez les chercher vous-même vos médicaments.
L’homme la dévisage et lui sourit :
- Je vous aime bien, vous. Mais vous direz à vos patrons qu’avec tout le fric que je vous laisse, ils ont tout intérêt à continuer à me livrer.
- Je ne suis pas à votre service, dit la pharmacienne en tournant les talons. Vous leur direz vous-même.
Lorsqu’elle arrive à la pharmacie, Marion se dirige vers le bureau de Karine.
- Reste là, j’en ai pour quelques secondes. C’est Bob…, chuchote Karine en aparté à son adjointe avant de reprendre la discussion avec son interlocuteur. Donc vous avez tout ce qu’il faut pour faire les gélules de sertraline, mais vous ne les faites pas parce que les prix fixés sont trop bas. J’ai bien tout compris ? Tu penses que ça va se débloquer ? Parce que c’est de plus en plus difficile d’en recevoir par le grossiste…
Lorsque Karine raccroche, elle est énervée.
(A suivre)
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