Alors que l’assurance-maladie milite pour un dépistage systématique de l’hypertension artérielle en pharmacie à partir de 2026, des pharmaciens ont déjà lancé, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’expérimentation Pharm’HTA. Point d’étape.
Depuis février 2025, des pharmaciens de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) expérimentent le « dépistage des problèmes liés à la thérapeutique des patients atteints d’hypertension artérielle (HTA) », dans le cadre du projet Pharm’HTA, mené avec l’URPS pharmaciens PACA. « C’est un parcours : on dépiste, on vérifie l’observance, on vérifie la tolérance au traitement et on explique la surveillance de l’HTA », explique Felicia Ferrera Bibas, présidente de l’URPS Pharmaciens PACA. Sont éligibles les patients recevant au moins une bithérapie et présentant au moins 2 autres facteurs de risque cardiovasculaire en plus de l’HTA, ou une plainte spontanée qui peut faire évoquer un signe d’HTA.
À ce jour, les objectifs sont déjà atteints, se satisfait Felicia Ferrera Bibas : « Les pharmaciens qui ont participé ont vraiment joué le jeu. » Ils sont ainsi 86 pharmaciens à avoir été formés et 71 pharmacies sont partenaires, dans 5 départements (13, 83, 84, 06, 04). 2 415 actes ont été réalisés avec des résultats prometteurs : 157 actes de dépistage avec orientation vers un médecin, et 283 actes de dépistage sans orientation. La vérification de l’observance a concerné 549 actes. Parmi eux, « on a constaté 74 problèmes d’observance », confie la présidente de l’URPS. 648 actes de surveillance ont été comptabilisés et 110 ont conduit à une orientation vers un médecin.
Les pharmaciens sont par ailleurs rémunérés sur la base de 1 euro la minute, soit : 5 euros pour un dépistage, qu’il aboutisse ou non à une orientation vers un médecin, 5 euros pour la vérification de l’observance, 15 euros pour l’évaluation de la surveillance (qui consiste en un entretien et en une action éducative), 10 euros pour la vérification de la tolérance lorsqu’il y a une intervention pharmaceutique, ou 5 euros sans intervention pharmaceutique.
Une demande a été faite pour prolonger l’expérimentation jusqu’en décembre. Pour participer, les pharmaciens intéressés doivent suivre une formation en plusieurs modules (soit une formation DPC, soit une formation à la faculté de pharmacie). Des informations sont disponibles sur le site de l’URPS pharmaciens PACA.
L’idée de cette expérimentation était de mettre en valeur et de structurer le rôle du pharmacien correspondant, qui reste encore peu reconnu depuis sa création, en 2009. Le but est aussi de construire un parcours au sein d’un exercice coordonné, via un protocole de recherche.
De son côté, l’assurance-maladie plaide pour organiser en pharmacie le dépistage systématique de l’hypertension artérielle, afin de prévenir les maladies cardiovasculaires qui lui coûtent cher. L’idée plaît à la ministre du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin. Elle y voit un nouveau levier de rémunération pour les pharmaciens… qu’elle avance comme argument pour faire passer la pilule des baisses de plafonds des remises sur les génériques.
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