Cela ressemble à une injonction contradictoire. D’un côté, les biosimilaires sont identifiés comme un réservoir d’économies dans les dépenses de médicaments. Raison pour laquelle les acteurs sont sommés d’atteindre un taux de pénétration de 80 % en fin d’année. Récemment, le rapport charges et produits émis par l’assurance-maladie suggérait même d’instaurer « un tiers payant contre biosimilaire ». « Le médicament biologique croît de manière massive, plus 125 % au cours des dernières années. Nous enregistrons aujourd’hui 14 milliards d’euros de dépenses en médicaments biologiques. Et considérant que les finances ne sont pas au beau fixe, les biosimilaires sont aussi porteurs d’économies », expose Sophie Kelley, responsable des produits de santé auprès de l’assurance-maladie.
Marge de progression
Pourtant, d’un autre côté, l’incitation à la substitution peine à convaincre. Les dernières déclarations des pouvoirs publics tempéreraient même les pharmaciens les plus ardents. Le plafond de remises accordées pour les biosimilaires n’est-il pas pressenti à seulement 15 % ? Un taux qui risque de constituer un frein majeur au développement des biosimilaires en ville, de surcroît dans le contexte actuel d’abaissement du plafond des remises sur les génériques.
Pour autant, biosimilaires et hybrides constituent un potentiel pour l’économie officinale, comme en est convaincue la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) (1). Selon Philippe Besset, son président, « ce marché encore balbutiant n’en représente pas moins l’avenir par excellence et il nous revient de poser les fondamentaux de ce qui est notre rôle dans cette croissance des biosimilaires ». Et la marge de progression est importante. De fait, le poids des biosimilaires (2) ne représente que 28,77 % (1,748 milliard d’euros) du marché des génériques (6,075 milliards d’euros), selon les chiffres présentés par Antoine Collet, directeur des panels chez IQVIA. Mais la croissance de leur chiffre d’affaires (8,7 % sur les douze derniers mois) est à la mesure de leur taux de pénétration (39,9 %) qui a gagné cinq points en un an. « Ce marché connaît une croissance organique de 12,5 % sur les deux dernières années. Entre mai 2024 et mai 2025, le chiffre d’affaires progresse de 8,7 % », relève Antoine Collet ajoutant que l’arrivée de six molécules substituables fin février 2025 a conféré 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires supplémentaires à ce marché.
Les projections effectuées par IQVIA démontrent que les perspectives peuvent être pénalisées, par le plafonnement des remises (voir tableau ci-contre). Par conséquent, les retournements politiques de ces dernières semaines brouillent les cartes d’un marché qui verra nombre de bioréférents perdre leur brevet dans les prochaines années. Comme le rappelle Sophie Kelley, le biosimilaire d’Eylea est attendu pour novembre « après l’avis positif de l’ANSM, il ne manque plus que l’arrêté ». Stelara et Xolair devraient lui emboîter le pas. Et après eux, bien d’autres encore dans le sillage de plusieurs pertes de brevet.
(1) Amphis de l’officine 1er juillet 2025
(2) Tous marchés confondus, substituables en pharmacie ou non
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