Le Quotidien du pharmacien.- Il y a tout juste un an, la profession annonçait la création de « Ma pharmacie en France ». Le pari est tenu. En quoi ce portail va-t-il changer le quotidien de l’officine ?
Jean-Pierre Dosdat.-Il faut se féliciter pour la profession de cette excellente initiative de Federgy qui a, en un temps record, mis en œuvre ce dispositif multicanal qui permettra à toutes les pharmacies d’intensifier leur proximité avec leurs patients que ce soit en proposant la livraison à domicile ou la commande en ligne.
Néanmoins, le succès de cette opération reste conditionné à un autre dispositif qui est celui des Sociétés de regroupement à l’achat, les SRA.
De fait, le succès de l’excellente intention de « Ma pharmacie en France », qui veut que tous les pharmaciens aient accès à Internet, repose en premier lieu sur le critère prix. Or cela suppose que toutes les officines puissent disposer des mêmes conditions commerciales afin d’éviter trop de disparités qui, de facto, favoriseraient les officines les plus importantes. Force est de constater qu’aujourd’hui le dispositif des SRA mis en place en 2009 par Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, afin de permettre aux pharmaciens de se regrouper en toute légalité – les rétrocessions étant interdites- ne fonctionne pas. Ou en tout cas pas de façon optimale. Soit parce que certains laboratoires essaient de détourner le modèle en imposant des conditions générales de vente identiques à celles des grossistes, limitant ainsi la capacité des pharmaciens à « bien » acheter. Soit parce que les fabricants proposent à des pharmaciens groupés des conditions bien inférieures à celles qu’ils accordent à des pharmaciens isolés. Ces derniers présentant des avantages plus séduisants telles des capacités de stockage et des largeurs de gammes plus importantes. Si les SRA continuent ainsi d’être contournées l’esprit même de l’initiative « Ma pharmacie en France » sera dévoyé.
Quelles sont les solutions pour prévenir ces distorsions sur un marché qui, rappelons-le, reste ouvert ?
Ce déséquilibre provient de la loi de modernisation de l’économie, ou loi Egalim, qui vise à défendre les distributeurs, notamment la GMS, face aux fournisseurs. Sauf que la pharmacie n’est pas assimilable au reste des commerces et que cette loi joue en sa défaveur. La solution serait d’actionner un levier législatif qui consisterait à considérer dans la loi actuelle la pharmacie de manière différente de la GMS, afin de rendre les SRA plus efficientes. La profession dispose de relais parlementaires et au sein du collège des pharmacies de la FCA nous sensibilisons le monde politique à ce déséquilibre. Même si bien sûr le combat n’est pas seulement celui des pharmacies du modèle coopératif. Il est essentiel d’agir car le risque de distorsion de concurrence pour une officine ne viendra pas seulement des autres pharmacies de son secteur qui pratiqueront des tarifs plus avantageux, mais aussi et surtout des plateformes telles Amazon qui détourneront la clientèle.
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