Cas de comptoir
Le contexte :
Mme J, 57 ans, vous demande, un peu gênée, un savon intime « un peu hydratant ».
Votre conseil :
Vous lui proposez un savon intime pour muqueuses sèches. De plus, vous pouvez ouvrir le dialogue en expliquant que la sécheresse vaginale peut être à l’origine d’un inconfort quotidien et de douleurs lors des rapports et que des solutions existent si elle est concernée.
Définitions
- Ménopause : période de la vie d’une femme marquée par l’arrêt de l’ovulation et la disparition des règles. On considère une femme ménopausée lorsqu’elle n’a plus de règles depuis 1 an.
- Péri-ménopause (ou pré-ménopause) : période de transition qui précède l’arrêt définitif des règles.
- Ménopause précoce : ménopause survenant avant l’âge de 40 ans.
- Climatère : années de changement hormonal que connaît la femme avant et après la ménopause.
- Bouffées de chaleur (ou bouffées vasomotrices) : sensation de chaleur intense et passagère, généralement localisée au niveau du visage, du cou et du buste. Elles débutent souvent par des frissons et une impression de malaise, puis la sensation de chaleur et les rougeurs apparaissent. Une hypersudation et des palpitations terminent cet épisode avant le retour à l’état normal.
Une carence hormonale
Rappels physiologiques
À la naissance, une femme dispose d’environ 1 million d’ovocytes. Ce nombre va décroître progressivement au cours de la vie. À partir de la puberté, une dizaine de ces ovocytes va se développer au cours de chaque cycle menstruel pour permettre l’ovulation d’un seul ovocyte mature. Ce stock s’épuise enfin lors de la ménopause.
L’arrêt du fonctionnement des ovaires représente la fin de la période de fertilité de la vie d’une femme. Il provoque alors une carence hormonale, notamment en estradiol et progestérone.
Or si les œstrogènes ont un rôle important dans la vie reproductive, ils sont également importants pour les tissus osseux et cérébraux et ont un rôle protecteur sur le cœur et les vaisseaux. C’est pourquoi leur baisse significative lors de la ménopause entraîne chez la femme une augmentation du risque cardiovasculaire, une diminution de la densité minérale osseuse favorisant la survenue d’ostéoporose et un climat de vulnérabilité au point de vue de la santé mentale. À l’inverse, les symptômes liés à la présence de fibromes utérins ou d’endométriose s’améliorent.
Retentissements
Les troubles que peut entraîner la ménopause ne se limitent pas à l’ostéoporose ou à l’augmentation du risque de maladies cardiovasculaires. En effet, la baisse hormonale qu’elle provoque a des retentissements sur de nombreux organes. Citons parmi les effets les plus connus les bouffées de chaleur et les changements d’humeur avec irritabilité. Mais la ménopause peut également être à l’origine de troubles du sommeil, d’une baisse de libido, d’une prise de poids, de fatigue, de maux de tête et d’une sécheresse de la peau. Enfin, elle peut aussi entraîner un syndrome génito-urinaire avec sécheresse vaginale, douleurs lors des rapports sexuels et infections urinaires.
87 % des femmes de 50 à 65 ans sont affectées par au moins un symptôme de la ménopause, en plus de l'arrêt des règles
Ministère de la Santé
Conduite à tenir
Troubles de la ménopause, parlez-en !
La ménopause est une période délicate dans la vie d’une femme. Entre les éventuels désagréments physiques et psychiques, cela peut la rendre vulnérable. Or il existe de nombreux moyens pour les atténuer et les professionnels de santé pouvant intervenir sont nombreux : médecins généralistes, gynécologues, sages-femmes et pharmaciens. Mais encore faut-il que les patientes le verbalisent.
Pour cela, poser quelques questions au comptoir pour savoir comment elles se sentent. Une consultation médicale peut s’avérer utile voire indispensable.
La ménopause n’est pas une fatalité
La ménopause n’est pas souvent perçue comme quelque chose de positif et pourtant ce peut être le moment pour une femme de prendre davantage soin d’elle, d’écouter son corps, de se recentrer sur ses besoins et surtout de s’impliquer dans son suivi médical pour traverser cette période de transition avec douceur.
Améliorer l’hygiène de vie
Les règles hygiéno-diététiques constituent la base d’une prise en charge globale des désagréments de la ménopause. De nombreux conseils peuvent être donnés à ce sujet. Retenons notamment le fait d’avoir une alimentation équilibrée et riche en calcium et vitamine D ainsi qu’une bonne hydratation.
Mieux vaut également réduire le café, l’alcool ainsi que les mets épicés qui ont tendance à accentuer les bouffées de chaleur.
Enfin, une activité physique régulière est bénéfique, tout comme de favoriser un bon sommeil (sans écran le soir, avec une température fraîche soit environ 18 °C dans la chambre et une routine relaxante avant d’aller se coucher) ou pourquoi pas d’essayer des techniques de relaxation.
Les produits du conseil
Lutter contre les bouffées de chaleur
- Les produits à base de phyto-œstrogènes : ce sont des molécules d’origine végétale présentant une structure proche de celle de l’œstradiol et capables de se lier aux récepteurs des œstrogènes. Il existe plusieurs classes de phyto-œstrogènes dont les plus connues sont les isoflavones que l’on retrouve par exemple dans le soja et le trèfle rouge et les flavonoïdes contenus entre autres dans le houblon. Ces molécules peuvent atténuer certains troubles climatériques comme les bouffées de chaleur mais sont contre-indiquées en cas d’antécédent personnel ou familial de cancer homono-dépendant et ne doivent pas être utilisées de façon prolongée sans avis médical.
Les produits à base de phyto-œstrogènes sont contre-indiqués en cas d’antécédent personnel ou familial de cancer homono-dépendant
- La bêta-alanine : il s’agit d’un acide aminé naturellement présent dans l’organisme qui agirait sur les phénomènes de vasodilatation périphérique et pourrait donc soulager les bouffées de chaleur.
- Les extraits de pollen : ils pourraient aider à améliorer les bouffées de chaleur. Ils n’ont aucune activité hormonale et peuvent donc être utilisés en cas d’antécédent de cancer hormono-dépendant.
Les plantes à phyto-œstrogènes
Certaines plantes indiquées dans les troubles de la ménopause ont un effet « œstrogènes like » : soja (Glycine max), houblon (Humulus lupulus), sauge officinale (Salvia officinalis), sauge sclarée (Salvia sclarea), réglisse (Glycyrrhiza glabra), trèfle rouge ou trèfle des prés (Trifolium pratense), luzerne ou alfalfa (Medicago sativa), lin (Linum usitatissimum), kudzu (Pueraria montana), actée à grappes noires (Cimicifuga racemosa), gattilier (Vitex agnus-castus), fenouil (Foeniculum vulgare), persil (Petroselinum crispum).
Par mesure de précaution et en l'absence de consensus scientifique, leur consommation sous forme de complément alimentaire ou de produits de phytothérapie, qui apportent des doses bien supérieures à l’alimentation, est déconseillée chez les patients ayant des antécédents ou un cancer hormonodépendant. (Source : Omédit Centre)
Lutter contre les troubles du sommeil et de l’humeur
La prise en charge des troubles du sommeil peut faire appel à des plantes apaisantes et sédatives comme la passiflore ou la valériane.
Certains compléments alimentaires contiennent quant à eux du L-tryptophane, un acide aminé essentiel précurseur de la sérotonine et de la mélatonine. La mélatonine peut aussi être proposée, en libération immédiate, prolongée ou différée selon le type de troubles du sommeil.
Une cure de magnésium peut être proposée pour soutenir le fonctionnement du système nerveux et aider à la réduction de la fatigue.
Certaines plantes réputées adaptogènes, comme l’ashwagandha, peuvent être conseillées pour renforcer la résistance au stress et aider à mieux contrôler l’irritabilité. Enfin, le GABA (acide gamma-aminobutyrique), principal neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux, favorise un état de relaxation mentale chez les femmes décrivant au comptoir « un petit vélo incessant dans la tête ».
Lutter contre la sécheresse cutanée et des muqueuses
Il s’agit tout d’abord de conseiller des produits adaptés aux peaux sèches pour la toilette, qu’il s’agisse du corps (huiles lavantes, syndets, savons surgras…) ou des zones intimes (produits ultra-hydratants, préconisés en cas de sécheresse vaginale…). Ces derniers ne doivent être utilisés qu’une seule fois par jour puisqu’un excès d’hygiène peut amenuiser la flore intime. Si plusieurs douches sont prises dans la même journée, un rinçage à l’eau claire de la zone intime est suffisant.
Des ovules et gels à base d’acide hyaluronique peuvent ensuite être proposés pour lubrifier le vagin. Enfin, l’emploi d’un lubrifiant à base d’eau permet d’éviter les douleurs au moment des rapports en cas de sécheresse vaginale.
Lutter contre la perte de densité osseuse
Des compléments à base de calcium et de vitamine D peuvent être proposés pour limiter le risque de perte de densité osseuse, et à long terme d’ostéoporose. Il conviendra bien entendu de s’assurer que la patiente ne bénéficie pas déjà d’un traitement prescrit par son médecin…
Du tac au tac
« Je ne veux pas des hormones que le médecin m’a prescrites, j’ai lu que c’était trop dangereux. »
Le traitement hormonal de la ménopause (THM) combine un œstrogène et un progestatif. Il a été remis en cause au début des années 2000 par l’étude américaine WHI qui montrait que le THM entraînait une augmentation significative du cancer du sein, des infarctus du myocarde, des accidents vasculaires cérébraux et du risque thrombo-embolique veineux… avec des hormones non disponibles en France. Depuis, les études sont plus rassurantes : le THM est efficace pour soulager les troubles climatériques et prévenir l’ostéoporose. Il réduit la mortalité globale chez les femmes ménopausées (jusqu’à 30 %). Le THM doit être instauré tôt après la ménopause (au mieux dans les 5 ans), avec une réévaluation annuelle du traitement. Il reste contre-indiqué en cas d’antécédents de phlébites ou d’embolies pulmonaires, accidents cardio-vasculaires, AVC, cancer du sein, de l’endomètre… La HAS vient d’ailleurs de confirmer la place du THM dans la stratégie thérapeutique et est favorable au maintien de son remboursement.
« J’ai eu mes règles jeune, est-ce que je risque d’être ménopausée jeune également ? »
Non, l’âge des premières règles n’influence pas l’âge de la ménopause.
« Je suis ménopausée depuis plusieurs années et je saigne depuis quelques jours comme si j’avais de nouveau mes règles. Est-ce normal ? »
Mieux vaut consulter votre médecin traitant ou votre gynécologue qui déterminera la cause de ces saignements.
Testez-vous
1. Quels troubles peut entraîner la ménopause ?
a) Des changements d’humeur ;
b) Une baisse de libido ;
c) Des bouffées de chaleur.
2. Quels peuvent être les conséquences de la chute hormonale liée à la ménopause ?
a) Une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires ;
b) Une diminution du risque de maladies cardiovasculaires ;
c) Une augmentation de la densité osseuse.
3. Quels produits sont contre-indiqués en cas d’antécédent de cancer hormono-dépendant ?
a) La bêta-alanine ;
b) Les phyto-œstrogènes ;
c) Les extraits de pollens.
4. Quelles sont les plantes à phyto-œstrogènes ?
a) Le lin ;
b) Le houblon ;
c) Le trèfle rouge.
5. À propos de la sécheresse vaginale, quelles affirmations sont vraies ?
a) L’usage d’un savon intime hydratant plusieurs fois par jour est recommandé ;
b) L’emploi de lubrifiant peut soulager les douleurs lors des rapports sexuels ;
c) Un gel à base d’acide hyaluronique peut être proposé.
Réponses : 1. a), b) et c) ; 2. a) ; 3. b) ; 4. a), b) et c) ; 5. b) et c).
À retenir :
- Une femme est ménopausée lorsqu’elle n’a plus ses règles depuis 1 an.
- La ménopause entraîne une chute hormonale, en œstrogènes et progestérone.
- La baisse significative d’œstrogènes tend à augmenter le risque de maladies cardiovasculaires et d’ostéoporose.
- La ménopause peut réellement affecter le quotidien en entraînant des bouffées de chaleur, des troubles de l’humeur et du sommeil, de la fatigue ou encore une sécheresse vaginale.
- La prise en charge des bouffées de chaleur peut faire appel aux phyto-œstrogènes, à la bêta-alanine ou encore aux extraits de pollen.
- Les plantes contenant des phyto-œstrogènes sont contre-indiquées en cas d’antécédent de cancer hormono-dépendant.
- Une bonne hygiène de vie est indispensable pour limiter les troubles liés à la ménopause.
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