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18 septembre : pourquoi il faut faire grève

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Publié le 12/09/2025
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Crédit photo : FRED SCHEIBER/SIPA

Instabilité politique, absence d’un gouvernement aux affaires, grève nationale le même jour… Certains pharmaciens hésitent à fermer leur officine le 18 septembre parce que « ça ne sert à rien ». Au contraire, cette mobilisation est nécessaire maintenant, selon les syndicats, pour plusieurs raisons.

« On ne fera finalement pas grève le 18 septembre. Ça ne sert à rien, vu les changements au niveau du gouvernement. » Face à l’instabilité politique et à l’attente de la nomination d’un nouveau gouvernement, certains pharmaciens envisagent de ne pas fermer leur officine le 18 septembre pour faire entendre leur colère face à la baisse du plafond sur les remises génériques.

« Il y a bien un gouvernement, il y a bien un Premier ministre qui est en train de constituer ses troupes et oui, il faut faire pression maintenant pour montrer qu’on est toujours mobilisé », répond Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « Le Premier ministre a été nommé et c’est à lui qu’on s’adresse après notre appel au départ de François Bayrou. Il a clairement exprimé le souhait de changer de méthode et de faire des ruptures », ajoute Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). C’est donc l’occasion de faire passer un message au nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu.

« La journée du 18 septembre a trois objets d’interpellation des Français et de leurs élus, rappelle encore le président de la FSPF : protester contre la parution au milieu de l’été d’un arrêté qui met à mal l’économie de l’officine ; demander au nouveau Premier ministre de le remplacer par un nouvel arrêté qui conserverait le taux antérieur et de lancer des travaux afin de sécuriser l’économie de la pharmacie ; aller à la rencontre des parlementaires pour leur proposer un amendement à la loi en cas de rejet par le gouvernement. » À noter que « si jamais le Premier ministre s’engage, d’ici au18 septembre, à retirer purement et simplement l’arrêté et à remettre le plafond à 40 %, nous ne ferons pas grève le 18. Nous préférons nous remettre au travail et être dans nos officines plutôt que dans la rue », ajoute Philippe Besset.

Quant à la crainte que le mouvement des pharmaciens soit noyé dans la masse de la grève nationale préparée par l’ensemble des organisations syndicales, avec le risque que des casseurs s’invitent dans le cortège, les syndicats sont rassurants. « Il faut faire la grève et, pour la manifestation, regarder en fonction de ce qui s’est passé le 10 septembre et de ce qui se passera le 18 au niveau de sa localité », recommande Pierre-Olivier Variot. Pour défiler en toute sécurité, l’USPO invite d’ailleurs les pharmaciens qui comptent se mobiliser à répondre au sondage pour que les représentants locaux « puissent prendre la mesure de l’ampleur de la mobilisation dans le département ».

Hasard du calendrier ou coïncidence, les syndicats ont rendez-vous avec le Comité économique des produits de santé (CEPS) le même jour pour entendre le montant des prochaines baisses de prix sur les génériques…

Affiches et kits du manifestant

L’appel du 18 septembre à baisser le rideau des officines et à « faire le plus de bruit possible » dans la rue est donc maintenu par tous les représentants de la profession (syndicats de titulaires, groupements…), « au nom de nos entreprises et de nos salariés, dans l’intérêt de nos patients », indique l’intersyndicale, soutenue par l’Ordre lui-même.

À Paris, le mouvement part des Invalides à 12 heures et se rendra jusqu’au ministère de la Santé. En région, les pharmaciens peuvent se rapprocher de leur syndicat local ou regarder la carte des mobilisations sur mobilisationpharmaciens.com.

Du côté de l’USPO, « tout est prêt » pour la mobilisation, assure Pierre-Olivier Variot. Des affiches sont disponibles sur le site du syndicat. La FSPF propose aussi 20 000 kits du manifestant (chasubles, sifflets, casquettes et badges) et demande que les pharmaciens fassent preuve d’imagination pour se faire entendre. Les pharmaciens qui fermeront le 18 septembre sont cependant invités à prévenir leurs patients et leur ARS, ce qui est obligatoire pour les pharmaciens de garde.

La mobilisation s’annonce « bien suivie avec près de 98 % de pharmacies sondées récemment qui déclarent fermer leur pharmacie », souligne l’USPO dans un communiqué du 12 septembre.

En parallèle, d’autres actions sont en cours : la grève des gardes et la grève de la préparation des doses à administrer (PDA) dans les EHPAD. Quant à la pétition « Non aux déserts pharmaceutiques », en ligne ou sur papier, elle peut toujours être signée.


Source : lequotidiendupharmacien.fr