L’échec de la concertation engagée entre les syndicats et le gouvernement sur la baisse du plafond de remise sur les génériques est proche d’être actée. Le « plan pharmacie » proposé par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a été rejeté par le reste de la profession comme par l’exécutif. Le prochain arrêté pourrait donc bien fixer un plafond à 30 % pour les génériques et à 15 % pour les biosimilaires, conformément à l’arbitrage de Matignon, et inclure une trajectoire à « 20-20 » pour l’ensemble des médicaments en 2027. Les représentants des pharmaciens se disent désormais « en guerre » avec un gouvernement qu’ils espèrent voir tomber dans les prochaines semaines.
À l’issue du conseil d’administration de son syndicat, le 24 juillet, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), annonçait un « plan pharmacie » pour sortir « par le haut de la crise en cours ». Un plan en trois axes : soit un plafond de remise à 34 % pour les génériques (et 15 % pour les biosimilaires), l’abandon du plafond à « 20-20 » sur les remises génériques et biosimilaires en 2027 et l’ouverture de travaux en vue de faire évoluer le modèle de rémunération des pharmaciens. « Les représentants des groupements (UDGPO, Federgy) et l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) m’ont dit qu’ils n’en voulaient pas et le gouvernement lui-même n’a pas accepté ce plan. Pour la profession ce n’était pas assez, pour le gouvernement nous demandions trop », explique-t-il ce vendredi. « Le ministère de la Santé était prêt à négocier un plafond plus élevé que les 30 % voulus par Matignon, à condition que notre mobilisation s’arrête. Cela a donc été refusé par le reste de la profession. Le prochain arrêté va donc instaurer dès le 1er août un plafond de remise sur les génériques qui sera à 30 % au mieux, anticipe-t-il. Le « 33-15 » ou le « 34-15 », il faut l’oublier. Ce texte intégrera aussi une trajectoire à « 20-20 » pour 2027. Ce sera inscrit dans la loi et nous allons donc devoir vivre avec pendant un certain temps. C’est une catastrophe, les conséquences économiques vont être terribles pour le réseau, une perte de 15 000 euros par an et par pharmacie en moyenne », détaille Philippe Besset.
Le 40 % sinon rien pour l’USPO et l’UDGPO
Si la FSPF semblait donc prête à accepter un plafond à 34 % sur les remises génériques, sous conditions donc, ce n’était en effet pas le cas de l’USPO, ni de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO) ou de Federgy. Le conseil d’administration de l’USPO a refusé ce jeudi soir la dernière proposition officiellement formulée par le ministère de la Santé et campe sur ses positions, à savoir le refus de « toute baisse du plafond des remises commerciales sur les médicaments génériques ». Pas touche aux 40 % donc pour l’USPO, qui de son côté « n’a pas de certitude sur le taux du plafond qui sera retenu dans le prochain arrêté ». Le syndicat exige également « une lettre de mission sur une réforme structurelle de la rémunération officinale pour compenser les économies prévues dans le PLFSS, matérialisée dans un avenant 2 à la convention pharmaceutique ». Si l’USPO n’obtient pas raison, elle n’exclut pas « un élargissement du mouvement si le gouvernement maintient sa position ». Pour l’UDGPO, le maintien d’une ligne « dure » a aussi été décidé ce jeudi à l’issue d’un conseil d’administration. « Sacrifier les génériques en échange de quelques honoraires supplémentaires, nous n’y sommes pas favorables, explique le président de l’UDGPO, Laurent Filoche. Échanger le peu de marge commerciale qu’il nous reste contre des honoraires qui sont tributaires des décisions du gouvernement, c’est embarquer la profession dans une impasse », estime-t-il. Pour l’UDGPO, un combat pour le maintien à tout prix des 40 % est officiellement engagé. « Avec cette idée du « 20-20 » en 2027, on nous met un couteau sous la gorge. Nous sommes prêts à un conflit dur, la profession ne veut plus accepter la « politique du moins pire ». Nous irons jusqu’au bout, jusqu’à faire tomber le gouvernement », annonce Laurent Filoche, déterminé.
Une mobilisation qui pourrait s’intensifier
Déjà en cours, la grève des gardes va se poursuivre encore pendant les prochains jours, de même que le refus d’appliquer le tiers payant conventionnel lors des réquisitions. Une autre idée a émergé ces derniers jours : une grève le 16 août, qui, elle, ne fait pas l’unanimité. « Nous allons la relayer, annonce Laurent Filoche. Cela interviendra quelques jours après la publication de l’arrêté et il important de maintenir la pression avant le mois de septembre ». Dans les départements aussi, cette idée de grève le 16 août, qui reviendrait à fermer les officines 3 jours d’affilée, commence à prendre. « Nous devons être conscients de notre force, nous avons les moyens de faire tomber le gouvernement », veut croire Cyril Colombani, président de l’USPO dans les Alpes-Maritimes, département où cette grève s’annonce suivie. « Nous en avons marre de nous battre seulement pour ne rien perdre. Hors de question que le gouvernement baisse ce plafond de 40 % tant que ce n’est pas compensé ailleurs », exige-t-il. Pour l’instant, pas d’appel des syndicats nationaux à suivre cette grève du 16 août, dont le principe ne convainc pas Philippe Besset. « Toute action menée au mois d’août ne servira à rien. Nous devons nous tourner vers l’après, nous ne pouvons plus rien espérer concernant le prochain arrêté. La prochaine étape c’est septembre, attendre que l’Assemblée nationale soit de nouveau opérationnelle. Nous ne sommes plus dans un sprint mais dans un marathon. Désormais, là où nous avons un espoir de faire changer les choses c’est avec le projet de loi de finances et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale », avertit le président de la FSPF. Philippe Besset se dit lui aussi « en guerre contre le gouvernement » désormais. « Notre main tendue a été rejetée, nous sommes maintenant dans un combat frontal. Nous devons réussir au plus vite à faire tomber le Premier ministre », clame Philippe Besset.
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