La Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens (CAVP) alerte sur l’impact qu’aurait une financiarisation accrue du secteur officinal. Baisse du nombre de titulaires cotisant, baisse des montants de cotisation… Ce phénomène pourrait mettre en danger la solvabilité du système de retraite complémentaire par répartition et diminuer le montant de la retraite des pharmaciens.
Le phénomène de financiarisation du secteur officinal n’impacterait pas que le maillage officinal s’il prenait de l'ampleur. Il aurait « immanquablement » des effets sur les retraites des pharmaciens libéraux, alerte la Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens (CAVP). Alors que l’USPO a remis son rapport sur les risques de la financiarisation au ministre de la Santé, Yannick Neuder, la CAVP en tire les conséquences. « Dans des conditions devenues difficiles, la situation est propice à la financiarisation, comme nous l’avons vu dans d’autres secteurs de la santé. Nous prenons donc la situation très au sérieux », souligne son président Philippe Berthelot. Deux mécanismes entreraient en jeu : la réduction du nombre de titulaires et la baisse du montant des cotisations.
Une réduction du nombre d’officines entraînerait de fait une baisse du nombre de titulaires. « Or, la bonne santé du régime complémentaire par répartition des pharmaciens, comme tout régime de répartition, dépend de sa base démographique », explique Philippe Berthelot. Le nombre de titulaires inscrits à l’Ordre national des pharmaciens est déjà en constante érosion, avec une baisse de 1,3 % entre 2023 et 2024. De plus, le rapport démographique professionnel est de 0,9 : il y a donc plus de pharmaciens retraités que de cotisants. « Si l’érosion démographique s’accentue, la solvabilité à long terme du régime complémentaire par répartition serait compromise et nous serions amenés à prendre des mesures correctives », alerte Philippe Berthelot.
À cette première conséquence, s’ajouterait le risque d’une baisse du montant des cotisations. Comme l’explique l’USPO dans son rapport, « l’entrée d’acteurs privés, non directement professionnels de santé dans le secteur officinal ayant comme finalité première, voire exclusive, de rémunérer fortement l’investissement », entraîne une baisse de la rémunération des pharmaciens. « Les fonds d’investissement ont des objectifs de rentabilité élevés, les jeunes pharmaciens se retrouvent ainsi avec des business plans très serrés qui prévoient une rémunération faible et qui les affecte durablement en classe 3, la classe de cotisation minimale, explique Philippe Berthelot. Trente ans de retraite en classe 3, c’est très différent de 30 ans de retraite en classe 7, 9 ou 13. Ce qui se traduit par des pensions de retraite très minorées. »
Pour défendre l’indépendance des pharmacies, le rapport de l’USPO met en avant une quinzaine de leviers d’actions, dont le développement de boosters d’apport sur le modèle de ce que propose la CAVP, ainsi que des aides éthiques entre professionnels plus expérimentés et confrères en début de carrière. « Le fonds InterPharmaciens de la CAVP permet aux primo-accédants de compléter leur plan de financement lorsqu’ils n’arrivent pas à réunir la totalité de l’apport personnel nécessaire à l’acquisition de leur officine », détaille Philippe Berthelot. Le nombre de dossiers présentés a augmenté cette année, d’autant que les critères d’attribution du fonds ont été revus de façon plus favorable avec un taux de 3,75 % sur quinze ans, sans garanties, remboursable par anticipation et avec une possibilité de parrainage et de remontée des dividendes après accord du Comité stratégique.
« Près de 15 des 20 millions d’euros du quatrième fonds ont été distribués, un cinquième devrait être voté à la rentrée », précise-t-il. Une centaine de dossiers sont acceptés par an par le comité stratégique de la CAVP, soit 90 % des dossiers présélectionnés par la société financière Esfin Gestion qui gère le fonds. Le contexte d’incertitude sur le plafond de remise des génériques ne devrait pas avoir d’impact sur les critères de validation des candidatures examinés en ce moment. « Si un dossier est rejeté par Esfin Gestion, alors que la démarche des membres du Comité stratégique est bienveillante, cela signifie que les conditions de viabilité du projet ne sont pas réunies, justifie Philippe Berthelot. À ce titre, je ne peux que déconseiller de poursuivre le projet, même si un autre partenaire donnait un avis favorable. »
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