Lors de sa conférence de presse du 15 juillet, le Premier ministre François Bayrou a présenté un plan de redressement des finances publiques. En 2024, le déficit public a atteint 5,8 % du PIB et la dette représente près de 114 % du PIB, faisant de la France le troisième pays le plus endetté de la zone euro, derrière la Grèce et l’Italie. L’objectif affiché est de ramener le déficit à 2,9 % d’ici 2029.
Ce plan articulé autour de deux axes – maîtrise des dépenses et relance de la production – inclut plusieurs mesures concernant les dépenses de santé. Dans un contexte de forte consommation de médicaments par la population (« les Français consomment, par exemple, deux fois plus d’antibiotiques qu’en Allemagne », illustre le Premier ministre), le gouvernement vise une réduction de 5 milliards d’euros par an des dépenses sociales. Parmi les mesures annoncées pour y parvenir, François Bayrou propose tout d’abord de responsabiliser les patients en doublant la franchise annuelle sur les remboursements de médicaments, qui passerait donc de 50 euros à 100 euros. Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, a précisé que « les franchises, les participations forfaitaires vont être augmentées et versées directement au comptoir ».
Autre mesure annoncée, la révision de la prise en charge des affections de longue durée (ALD) : ce statut concerne « 20 % des Français contre 5 % des Allemands. Je ne peux croire que les Français soient plus malades que les Allemands », a déploré François Bayrou. Deux pistes sont envisagées pour réduire les coûts : d’une part, limiter le remboursement des médicaments à 100 % à ceux qui traitent l’affection justifiant le statut d’ALD. « Il faut sortir du 100 % sans lien avec les affections », a affirmé François Bayrou. D’autre part, envisager la fin du statut d’ALD lorsque celui-ci n’est plus médicalement justifié. « La plupart des maladies qui étaient incurables hier ne le sont plus aujourd’hui », a commenté Catherine Vautrin.
François Bayrou a également annoncé le recours obligatoire au Dossier médical partagé (DMP) pour les professionnels de santé, afin que chacun ait accès à la totalité des examens suivis. L’intelligence artificielle y sera intégrée et permettra de « faire des pas de géant en matière de diagnostic », prévoit le premier ministre. Objectif affiché : réduire les doublons d’examens pour couper dans les dépenses. « La santé ne peut être un marché dans lequel on consomme sans frein et sans limite », a souligné le Premier ministre.
Enfin, François Bayrou souhaite « mettre fin à une dérive » des arrêts maladie. Il a souhaité qu'un salarié puisse reprendre le travail après 30 jours d'arrêt maladie, sans repasser par le médecin du travail. « Comme nous manquons cruellement de médecins du travail, des dizaines de milliers de personnes qui souhaiteraient reprendre leur activité en sont empêchées, c'est absurde », a-t-il poursuivi. « À l’exception des maladies professionnelles et des accidents du travail, il reviendra au généraliste ou au spécialiste de déterminer la possibilité de reprise du travail. »
Réduire chaque année de 5 milliards d’euros les coûts sociaux passe aussi par la responsabilisation des assurés, comme la vaccination, mais aussi de manière plus générale par une prévention accrue pour diminuer la prévalence des maladies chroniques qui augmente de 4,5 points chaque année. Mais pour que cet objectif soit atteint, cela réclame une stricte maîtrise des dépenses, a rappelé Catherine Vautrin. Pour retrouver leur équilibre d’ici à 2029, les comptes de la Sécurité sociale devront s’appuyer sur plusieurs mesures empruntées pour la plupart au rapport « Charges et produits », remis le 24 juin par l’assurance-maladie, ou encore au rapport de la Cour des comptes. Des mesures parfois inédites, comme celle de remettre dans le circuit les dispositifs médicaux et le matériel médical non utilisés après un décès. L’ensemble de ces propositions seront reprises à l’automne dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026.
Dans le Sud-Ouest
Vol à main armée dans une pharmacie : le braqueur confondu par son ADN
Médicament à dispensation particulière
Clozapine : vers plus de souplesse dans le suivi des analyses de sang
Économie
Évolupharm défend ses remises génériques face à la réforme annoncée
Festivités
Le groupe Rocade sous le soleil basque