Épidémies de saison

Éviter, repérer et traiter les gastro-entérites virales

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Publié le 09/12/2019
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Si la « gastro » hivernale est en général bénigne, elle est pénible et ses conséquences peuvent être graves chez les personnes fragiles, notamment les nourrissons. Comme chaque année, des conseils s’imposent pour éviter infection et transmission et traiter efficacement.

Diarrhées aiguës d’apparition brutale (au moins 3 selles molles ou liquides par 24 heures), nausées ou vomissements, douleurs abdominales, fatigue, fièvre modérée parfois… Les symptômes de la gastro-entérite virale - souvent appelée grippe intestinale bien que le terme soit inadéquat - durent de 2 à 5 jours mais elle peut rester contagieuse jusqu’à 3 jours après guérison apparente. Le plus souvent, elle n’occasionne pas de complications mais peut entraîner une déshydratation chez les enfants de moins de 5 ans et surtout de moins de 3 ans, les personnes âgées et les malades chroniques. En France, sur les quelque 18 000 hospitalisations annuelles de moins de 3 ans, en moyenne 13 à 14 se soldent par un décès.

Prévention

Les virus en cause, très souvent des rotavirus, étant très contagieux - par voie orofécale directe ou indirecte surtout mais aussi par aérosols lors de vomissements - et très résistants (plusieurs semaines à température ambiante et au moins 4 heures sur les mains), rappeler aux patients les gestes barrière n’est pas inutile. Impératif, se laver régulièrement les mains avec de l’eau et du savon, liquide de préférence, pendant au moins 30 secondes, sans oublier de frotter poignets, dos des mains, bout des doigts et entre les doigts. En particulier après un passage aux toilettes, une visite à une personne malade, après avoir utilisé un transport en commun et avant de préparer, servir ou prendre un repas. Gare aux poignées de mains, au mobilier de bureau et aux ordinateurs partagés, aux boutons de porte et d’ascenseur. Proposer une solution, un gel ou un spray hydroalcoolique pour les cas où le lavage est impossible (Baccide, Bactidose Gilbert, soin antibactérien en unidoses Urgo, Nexcare 3 M Santé…).

On peut aussi parler de la vaccination rotavirus aux parents de nourrissons (à partir de 6 semaines). Les deux vaccins oraux vivants atténués sur le marché ne sont pas remboursés : Rotarix de GSK (1 souche) et Rotateq de Merck (5 souches). Mais cette vaccination n’est actuellement pas recommandée dans le cadre du calendrier vaccinal alors qu’elle l’est dans 15 pays européens.

Diagnostic

Ses manifestations étant caractéristiques, la « gastro » virale est assez facile à repérer en période d’épidémie et aucun examen n’est nécessaire. Cela dit, même en hiver, une gastro-entérite peut être due à une bactérie (E. coli, Salmonelle, Shigella…) ou un parasite (Giardia, amibes…) après un voyage en pays tropical. Une coproculture et une analyse de sang sont parfois nécessaires quand les symptômes persistent au-delà d’une semaine ou sont sévères (fièvre élevée, fortes douleurs abdominales) voire inquiétants (rectorragie).

Traitement

Le plus important étant d’éviter la déshydratation, bien expliquer qu’il faut boire davantage, par petites gorgées (eau, thé, tisane, bouillon, jus de pommes) et faire des petits repas légers à base d’aliments riches en amidon et pectine (carottes et pommes cuites, riz) en excluant temporairement fruits et légumes crus (sauf la banane), aliments riches en fibres et matières grasses, produits laitiers, glaces. Pour améliorer le confort intestinal, on peut conseiller des ralentisseurs du transit pour réduire les contractions et réduire la fréquence des selles, mais pour une courte durée car ils ralentissent l’élimination du germe. Et des absorbants et protecteurs intestinaux pour tapisser la muqueuse intestinale ou absorber les gaz. Attention, pas chez l’enfant.

S’il s’agit d’un nourrisson ou d’une personne âgée, proposer des solutés de réhydratation (Adiaril, Physiosalt, Sacolène…), à donner plusieurs fois par heure en maintenant l’allaitement maternel, la préparation lactée ou une alimentation semi-liquide. Quand l’entourage signale déjà des signes de déshydratation (apathie, pâleur, yeux cernés, respiration difficile…), il faut appeler immédiatement un médecin ou les urgences.

 

Évelyne Gogien
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Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3564