Les grandes étapes du devenir des médicaments dans l’organisme sont susceptibles d’être toutes peu ou prou impliquées dans des variations liées à la prise ou à la non-prise alimentaire ainsi qu’à la nature (et aussi à la quantité) des aliments absorbés. Seule la voie orale sera considérée ici.
Dissolution
La dissolution dans le tube digestif et la capacité des médicaments à traverser les membranes gastro-intestinales sont fonction du degré d’ionisation et de la polarité des molécules. On distingue ainsi de ce point de vue quatre catégories de médicaments :
- Apolaires ionisables : petites molécules vite dissoutes, la vidange gastrique détermine la vitesse d’absorption (ex : paracétamol, AINS, valproate, vérapamil).
- Apolaires non ionisables : peu solubles mais traversant bien les membranes, le facteur limitant est la solubilité ; un repas riche en graisses ralentit la vidange gastrique et augmente l’absorption (ex : ciclosporine, phénytoïne, carbamazépine).
- Polaires ionisables : très solubles mais traversent mal les membranes ; la vitesse d’absorption est liée à la perméabilité ; la prise d’aliments diminue l’absorption (ex : captopril, furosémide, alendronate).
- Polaires non ionisables : peu solubles, traversent mal les membranes, biodisponibilité médiocre, forme orale utilisée par une action locale (ex : colistine, amphotéricine B).
Absorption
La première phase correspond à la libération du principe actif à partir de la forme galénique, autrement dit sa dispersion et sa dissolution. De nombreux facteurs peuvent intervenir, liés à la molécule (hydrosolubilité, liposolubilité, taille et poids moléculaire, stabilité en milieu acide, coefficient d’ionisation ou pKa) et au terrain (âge du patient, pathologies associées, polymorphisme génétique, pH gastrique et intestinal, vitesse de la vidange gastrique, motilité intestinale, surface du site de résorption, flux sanguin hépatique, effet de premier passage intestinal, effet de premier passage hépatique, présence d’aliment dans le tube digestif).
Distribution
Parmi les nombreux facteurs jouant un rôle figure la concentration en protéines plasmatiques surtout l’albumine.
Métabolisation
Une grande famille d’enzyme joue un rôle très important, à savoir celle des cytochromes P450 (CYP450) dont l’activité peut être augmentée ou réduite par certaines molécules, éventuellement apportées par l’alimentation. La quantité des cytochromes varie fortement selon les individus ce qui explique l’existence d’une sensibilité individuelle à certaines interactions entre les médicaments et des inhibiteurs de cette enzyme, comme le pamplemousse par exemple. L’état de nutrition du patient peut aussi influencer la métabolisation.
Excrétion
Les métabolites empruntent les mêmes voies (majoritairement la voie rénale, parfois biliaire, que celles utilisées physiologiquement pour les toxines et autres déchets métaboliques. Parmi les facteurs susceptibles d’influencer l’excrétion rénale : le débit urinaire, le pH urinaire et des phénomènes de compétition au niveau de la sécrétion ou de la réabsorption tubulaire.
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