Une exposition à Villandry

Touraine, jardin de santé et pépinière de savants

Publié le 25/06/2009
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Les jardins du château de Villandry (Indre-et-Loire) accueillent 13 chercheurs, médecins et pharmaciens qui ont marqué l’histoire de la médecine des XIXe et XXe siècles et défendu le patrimoine tourangeau, en restaurant demeures et jardins.
Des pharmaciens à l’honneur dans les jardins du château de Villandry

Des pharmaciens à l’honneur dans les jardins du château de Villandry
Crédit photo : dr

CELA COMMENCE par une histoire familiale. Henri Carvallo, actuel propriétaire de Villandry, tenait à rendre hommage à son arrière-grand-père Joachim Carvallo, médecin espagnol, arrivé en France en 1893, collaborateur du Pr Charles Richet, prix Nobel de médecine en 1913. Et, à travers lui, l’hommage se propage de maître à élève et de maison à maison pour former une galaxie de médecins et pharmaciens qui ont tous contribué à la réputation scientifique de la Touraine et à la préservation de son patrimoine.

Issue d’une famille modeste, Carvallo rencontre, dans le laboratoire du Pr Richet où il développe le radiochronophotographe, Ann Coleman, une riche héritière. En 1906, le couple achète au Pr François-Pierre Le Roux (1832-1906), qui a réalisé en 1895 la première radiographie médicale, le château de Villandry. Le Roux l’avait sauvé d’un marchand de biens qui voulait le démanteler. Les Carvallo vont se consacrer à sa restauration, en restituant au site ses jardins ; Carvallo fonde en 1924 la Demeure historique, première association de propriétaires de monuments historiques, châteaux et vieilles maisons.

Herbiers et vaccins.

Avec Pierre Fidèle Bretonneau (1778-1862), médecin-chef de l’hôpital général de Tours, la tradition médicale tourangelle s’édifie autour des maladies infectieuses et de la botanique. Il élit domicile dans la propriété de Palluau, à Saint-Cyr-sur-Loire, où il cultive fleurs et fruits. Son élève Frédéric Le Clerc (1810-1891) est professeur de botanique et de matière médicale à l’école de médecine et de pharmacie de Tours pendant trente ans, enrichissant sans cesse son herbier.

Robert-David Barnsby (1832-1916), pharmacien, dirige de

1857 à 1902 le jardin botanique de Tours. Ernest-Henry Tourlet (1843-1907), qui tient la Pharmacie du Centre, va collecter quelque 11 000 échantillons végétaux, qui constituent « l’Herbier d’Indre-et-Loire », aujourd’hui classé monument historique. Quant à Paul

Métadier (1872-1956), il fait construire la Pharmacie principale, de style art nouveau, devant la maison natale de Balzac. Il y mettra au point la Kalmine contre la douleur, succès commercial qui, avec d’autres spécialités, assureront la renommée des établissements Métadier (aujourd’hui au sein du groupe sanofi-aventis). Après la guerre, Paul Métadier se lance dans le mécenat et crée en 1951 le musée Balzac au château de Saché, acquis en 1926. Edmond Chaumier (1853-1931), fils du premier élève de Bretonneau, s’installe comme pédiatre au Grand Pressigny, où, grand amateur de fouilles archéologiques, il sera à l’origine du musée de la préhistoire. Puis il ouvre à Tours un dispensaire pour enfants doté d’un institut de production du vaccin contre la variole, dont Marcel Belin sera

le directeur scienti?fique. Avant de fonder son propre institut à vocation vétérinaire, l’IBT. Chaumier achète en 1899 le château du Plessis-lès-Tour, ancienne demeure de Louis XI alors en piteux état, pour y installer l’institut vaccinal et va se consacrer à sa restauration. À sa mort, le château sera racheté, sur intervention de Carvallo, par la ville de Tours.

La boucle n’est pas encore bouclée. Découvrant la Touraine par son mariage avec Jeanne Debat-Ponsan, fille du peintre, le Pr Robert Debré (1882-1978) acquiert les « Madères » à Vernou-sur-Brenne où son fils Olivier installera son atelier. Son élève, Thérèse Planiol, cofondatrice de

la Société française d’échographie, a racheté en 1951, avec son mari, le château de Saint-Senoch (XVIIIe Siècle) sur la commune de Varennes. Engagé par le Dr Claude Belin, fils de Marcel, pour travailler à l’IBT, Philippe Maupas (1939-1981), intègre le laboratoire de microbiologie de la faculté de médecine et de l’hôpital de Tours, où il mettra au point en 1976 le vaccin contre l’hépatite B. Philippe Maupas avait acquis en 1972 et restauré le moulin de Touvoie à Rochecorbon, lieu choisi par Jean Cocteau pour tourner, en 1945, « la Belle et la Bête ». Une exposition pour découvrir une lignée de savants à travers tout à la fois, leurs travaux et leurs demeures.

Exposition jusqu’au 30 août.

Les jardins sont ouverts tous les jours

à partir de 9 heures Le château

est ouvert à partir de 9 heures

jusqu’au 15 novembre et pendant

les vacances de Noël. Tél. 02 47 50 02 09. www.chateauvillandry.com

› MARIE-FRANÇOISE DE PANGE

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2675