Traitement de la dysfonction érectile

L'art et la manière de lever un obstacle

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Publié le 27/05/2019
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La prévalence et la sévérité de la dysfonction érectile augmentent avec l’âge. Sujet parfois encore tabou, ce trouble peut être à l’origine d’une véritable altération de la qualité de vie et doit être pris en charge.

Qu’est-ce que la dysfonction érectile ?

Il s’agit d’une incapacité persistante ou récurrente à obtenir ou à maintenir une érection permettant un rapport sexuel. Elle peut avoir des causes organiques (principalement vasculaires ou neurologiques) et/ou psychologiques. Les principaux facteurs de risque sont l’âge, des maladies chroniques comme le diabète ou les pathologies cardiovasculaires, l’hypogonadisme, la dépression et certains traitements médicamenteux (amiodarone, bêta-bloquants, spironolactone, antiandrogènes, fibrates, statines, antidépresseurs, neuroleptiques).

Les inhibiteurs de la PDE5 (phosphodiestérase de type 5) en 1e intention

Viagra (sildénafil), Cialis (tadalafil), Levitra (vardénafil) et Spedra (avanafil). Toutes ces molécules sont sur liste I et ne sont pas remboursées. Elles induisent une augmentation de la réponse physiologique érectile du pénis à une stimulation sexuelle par relâchement des muscles lisses et engorgement vasculaire des corps caverneux. Leurs effets indésirables les plus fréquents consistent en une rougeur de la face, des céphalées et une dyspepsie. Elles agissent en moyenne en 30 minutes et ne doivent pas être prises plus d’une fois par jour (les effets du sildénafil et du vardénafil peuvent être retardés par la prise au cours d’un repas). En ce qui concerne le tadalafil, sa prise peut être quotidienne lors de l’utilisation de petits dosages (2.5 ou 5 mg). Les contre-indications sont nombreuses :

- Pathologies cardiovasculaires rendant l’activité sexuelle dangereuse ;

- Neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique ;

- Rétinite pigmentaire ;

- Association aux dérivés nitrés sous toutes leurs formes (risque d’hypotension brutale), au nicorandil, à la molsidomine, aux alpha-1-bloquants (sauf la tamsulosine LP).

La yohimbine, Yocoral en seconde intention

La yohimbine est un antagoniste des récepteurs alpha-2-adrénergiques présynaptiques. Elle entraîne une vasodilatation des corps caverneux. Ses effets indésirables sont rares mais elle reste contre-indiquée en cas d’angor instable, d’infarctus du myocarde récent, d’insuffisance cardiaque, rénale ou hépatique sévère. Dosée à 5 mg, elle peut être prise 3 fois par jour en ne dépassant pas 10 mg par prise et 20 mg par jour et n’est pas remboursée.

Les traitements locaux à base d’analogues de la prostaglandine E1 en 2e intention

Il s’agit de l’alprostadil, à l’origine d’une dilatation des artères péniennes et d’une relaxation des muscles lisses des corps caverneux. Un remboursement est possible sur présentation d’une ordonnance d’exception chez les patients para- ou tétraplégiques, en cas de neuropathie diabétique, de sclérose en plaques, de séquelles chirurgicales, radiothérapiques ou de priapisme, et de traumatisme du bassin avec complications urinaires (sauf pour Muse).

Ces médicaments sont contre-indiqués en cas de prédispositions au priapisme, de déformations anatomiques du pénis, chez les porteurs d’implants péniens, ou en cas de pathologies cardiovasculaires instables. De plus, si la partenaire est enceinte ou susceptible de l’être, un préservatif doit être utilisé.

- Caverject et Edex (injection intracaverneuse) : l’injection se fait dans le corps caverneux, sur une face latérale. Puis une compression manuelle doit être effectuée sur le point d’injection. L’érection survient en 5 à 10 minutes sans stimulation sexuelle. Les effets indésirables les plus fréquents sont une douleur à l’injection pouvant entraîner un malaise vagal, et des sensations de brûlures. Ne pas dépasser une injection par jour et 2 fois par semaine.

- Vitaros (crème) : le patient doit uriner avant l’utilisation de Vitaros puis appliquer le contenu entier du sachet au niveau du méat urétral et enfin tenir le pénis à la verticale pendant 30 secondes pour permettre une bonne pénétration du produit. Il agit en 5 à 30 minutes et ne doit pas être utilisé plus d’une fois par jour et plus de 3 fois par semaine. Ses effets indésirables les plus fréquents sont des douleurs urétrales. Il se conserve au frais.

-- Muse (bâton urétral) : le patient doit uriner avant d’utiliser Muse puis introduire la tige de l’applicateur dans l’urètre, appuyer sur le bouton-poussoir, faire rouler son pénis entre ses mains et enfin s’asseoir ou marcher pendant 10 minutes. Il agit en 5 à 10 minutes et ne doit pas être utilisé plus de 2 fois par jour et plus de 7 fois par semaine. Ses effets indésirables les plus fréquents sont des douleurs péniennes et une sensation de brûlure urétrale.

Le cas particulier du Priligy

Le Priligy (dapoxétine) est un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine indiqué en cas d’éjaculation précoce chez les hommes de 18 à 64 ans. Il est sur liste I et n’est pas remboursé. Il doit être pris 1 à 3 heures avant le rapport sexuel, une fois par jour maximum. Il peut être à l’origine de céphalées, de sensations vertigineuses ou de nausées. Enfin, il est contre-indiqué en cas d’affections cardiaques, d’antécédents de manie ou de dépression sévère, d’insuffisance hépatique modérée à sévère, de traitement concomitant par IMAO, ISRS, antidépresseurs tricycliques, inhibiteurs puissants du CYP3A4.

La prise en charge au naturel

Certaines plantes et huiles essentielles peuvent être utilisées pour leur effet aphrodisiaque : elles augmentent la libido et les pulsions sexuelles mais ne sont pas purement stimulantes de l’érection et leur efficacité n’est pas toujours démontrée. Citons la maca, le tribulus, le bois bandé ou encore les huiles essentielles de gingembre ou d’ylang-ylang.

Anne-Sophie Leroy

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3523