Dermocosmétique

Cinq bons conseils à délivrer pour cinq types de peau

Publié le 30/11/2015
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Tous les visages entrent à l’officine. Toutes les peaux également. Sèches ou grasses, féminines ou masculines, jeunes où marquées par le temps, sensibles et réactives, elles possèdent leurs propres caractéristiques. Des spécificités dont le pharmacien doit tenir compte pour proposer une prise en charge adaptée sur le plan dermocosmétique.

• Peau sèche

Quand le film hydro-lipidique est fragilisé, la barrière cutanée ne peut plus remplir sa fonction protectrice et laisse l’eau des tissus s’évaporer autant qu’elle permet aux allergènes en tout genre de pénétrer l’épiderme. Un état de sécheresse s’installe. Au niveau du visage, il se traduit par des tiraillements, des picotements, une sensibilité de la peau accrue. Si elle investit le corps, la sécheresse est généralement plus sévère et la peau prend un aspect craquelé, rugueux accompagné de petites squames fines. Mais la sécheresse cutanée peut avoir des conséquences plus lourdes car elle fait le lit de pathologies telles que la dermatite atopique ou le psoriasis qui profitent de la dégradation de la barrière cutanée pour s’imposer. Pour les peaux normales à sèches non pathologiques, on peut conseiller tout type de crème hydratante dont elles profiteront pour restaurer leur fonction barrière et qui leur apportera une sensation de confort très appréciable. Les peaux sèches à très sèches dont les signes cliniques sont majorés, trouveront matière à s’apaiser dans des soins nutritifs et émollients.

• Peau sensible

Hyperréactive, la peau sensible est caractérisée par l’apparition de rougeurs intempestives, particulièrement quand elle est soumise à un changement climatique. Mais elle peut aussi réagir sous l’effet de produits cosmétiques agressifs (tensio-actif anionique, maquillage desséchant…). Parfois, cet état d’hypersensibilité révèle une pathologie sous-jacente telle que la rosacée dont 100 % des cas surviennent chez les peaux intolérantes.

Si les sujets à peau sensible ne sont pas toujours identifiables à l’œil nu, le pharmacien peut les déceler en posant des questions sur les antécédents de la personne, son ressenti cutané. Souvent, les femmes à peau sensible ne tolèrent que de rares produits et restent très fidèles à une marque quand elle leur convient. Chez ces sujets, le conseil du pharmacien est indispensable car leur problème de peau n’est pas un motif de consultation médicale. Pour éviter tout risque d’intolérance, on peut leur conseiller des formules dont la composition se limite à un minimum d’ingrédients, toujours de qualité, en évitant les agents irritants (parfum, détergent anionique), un pH trop basique et certains gestes agressifs comme le gommage. Souvent, il faudra se tourner vers des produits dont les qualités cosmétiques sont moins évidentes (textures plus collantes, moins de mousse dans les nettoyants…).

• Peau noire, métissée/Peau grasse

Une problématique réunit les peaux noires et métissées et les peaux grasses : celle de l’acné. Chez les premières, la lésion d’acné inflammatoire va laisser la place à une hyperpigmentation post-inflammatoire souvent pendant plusieurs mois. Afin d’éviter que ne s’installent ces lésions cutanées peu esthétiques, l’acné doit être prise en charge le plus tôt possible – à un stade débutant – et le mieux possible. Dans un premier temps, le pharmacien pourra conseiller l’application d’un produit kératolytique qui va s’attaquer à l’acné rétentionnelle. Il faudra ensuite orienter la personne vers un dermatologue. Si le sujet se présente avec des lésions inflammatoires (boutons rouges), la pathologie est à un stade plus avancé et on aura alors recours à des formules anti-inflammatoires et apaisantes. L’hygiène du visage, étape importante dans la prise en charge de l’acné, sera assurée à l’aide d’un gel nettoyant non gras contenant de préférence un actif anti-bactérien voir matifiant. Pour répondre aux besoins d’une peau grasse à tendance acnéique, le même type de conseil peut être appliqué.

• Peau masculine

Plus épaisse que chez la femme, la peau masculine est aussi plus grasse sous l’effet des hormones androgènes. De ce fait, plus longtemps préservée du vieillissement, elle est aussi facilement sujette aux pathologies liées à l’hyperséborrhée comme l’acné – plus sévère que chez la femme - et la dermite séborrhéique. Celle-ci, provoquée par la colonisation du champignon malassezia, est parfaitement identifiable. Elle se manifeste par une peau qui rougit et desquame souvent au niveau du front, des sourcils, des ailes du nez et du menton. Des produits spécifiquement formulés pour la prise en charge de la dermite séborrhéique pourront être conseillés. La folliculite de la barbe – le poil incarné - est une autre problématique typiquement masculine. Occasionnée par la pratique du rasage qui voit certains poils repousser sous la peau, elle peut dégénérer en pseudo-folliculite et s’accompagne alors d’une infection bactérienne. Pour l’éviter, on peut, quand c’est possible, éviter de se raser trop fréquemment ou alors utiliser un gommage doux deux fois par semaine.

• Peau mâture

Parce qu’elle s’affine avec le temps, la peau des personnes âgées devient plus sensible et très facilement sujette à la sécheresse cutanée. Un état qui favorise l’apparition et l’augmentation des démangeaisons jusqu’à constituer une problématique corporelle à part entière. Pour répondre à ces besoins, on aura recours à des formules faciles à appliquer sur le corps dont certaines abritent des actifs anti-prurigineux. Le pharmacien peut aussi puiser dans l’offre dédiée aux peaux atopiques dont l’indication peut couvrir le prurit sénile. L’hydratation du visage sera, pour sa part, assurée par des textures nutritives.

Réalisé avec les conseils de Sébastien Polycarpe et Vincent Durosier du laboratoire Ducray
ANNE-SOPHIE PICHARD

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3221