Le Quotidien du pharmacien.- Dans quel état d’esprit se trouvent les pharmaciens qui exercent en milieu rural ?
Lucie Bourdy-Dubois.- Il y a aujourd’hui 4 000 titulaires à la tête d’une officine qui est seule dans une commune rurale. Selon les résultats d’un questionnaire que nous leur avons soumis, plus de 80 % d’entre eux (sur 1 200 réponses) se disent heureux dans leur exercice et recommande de venir s’installer en milieu rural. Nous ne nous attendions pas à un tel résultat. Il faut montrer encore davantage les points positifs qui existent lorsqu’on exerce à la campagne. Par rapport à la ville, il y a moins de stress, moins de vols, moins d’agressivité, on connaît mieux ses patients, même s’il y a aussi des difficultés, notamment pour recruter du personnel, trouver un remplaçant, ou à cause du manque de médecins.
Les aides aux pharmacies des territoires fragiles se mettent en place, des antennes apparaissent, mais ces moyens sont-ils tous pertinents et suffiront-ils à préserver le maillage ?
Si nous avons poussé pour la mise en place de ces aides, c’est parce qu’il fallait une solution immédiate, mais ce n’est qu’une première marche. Concernant les antennes, il faudra voir les résultats à la fin de l’expérimentation mais ce que nous voyons aujourd’hui ne nous plaît pas. Cela coûte cher aux ARS et les projets en cours ne respectent pas toujours le cahier des charges, ne sont pas tous justifiés et peuvent déséquilibrer le réseau. Repenser le modèle économique global de la pharmacie, trouver des solutions pérennes pour les officines qui desservent peu de patients mais apportent un service essentiel, c’est tout le travail qui se trouve aujourd’hui devant nous. Une majoration des honoraires pour les officines installées dans des communes sans médecin ou rémunérer des actes que nous pratiquons déjà, notamment la transmission des échantillons biologiques, ce sont des pistes sur lesquelles nous travaillons ou qui suscitent au moins réflexion.
Les élus et les pouvoirs publics prennent-ils suffisamment au sérieux le sujet de la défense des officines rurales ?
Nous avons aujourd’hui le soutien de l’assurance-maladie et de nombreux élus sur ce sujet. C’est en évoquant le risque de voir de nombreuses officines fermer que nous avons obtenu la suspension de l’arrêté sur la baisse du plafond de remise des génériques. Avant que nous leur en parlions, des élus ou des responsables politiques n’avaient pas conscience de la réalité de ce risque. Le maillage est l‘un des trois piliers de notre profession, s’il s’écroule c’est toute notre organisation qui est menacée. Il est hors de question de se contenter d’avoir une pharmacie tous les 30 km, ou d’imaginer des solutions au rabais pour que les patients aient accès à leurs médicaments. A nous désormais de trouver des sources de financement pérennes pour maintenir le réseau.
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