Entretien avec Emmanuel Leroy : « Les titulaires n’ont pas encore tous intégré cette réforme »

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Publié le 30/10/2025
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Expert-comptable, associé Leader National Santé chez Rydge Conseil, Emmanuel Leroy estime qu’il est pour l’instant impossible de mesurer l’impact économique de cette révision de la grille des salaires sur le réseau officinal. Il constate aussi que les titulaires ne sont pas encore suffisamment sensibilisés à ces évolutions.

Le Quotidien du pharmacien.- Quelles conséquences cette révision de la grille va-t-elle avoir pour le réseau officinal du point de vue économique ?

Emmanuel Leroy.– Il est impossible de l’évaluer précisément pour le moment. Chaque cas est individuel et nous n’avons pas encore de recul. Ce qu’on peut dire en revanche, c’est que la masse salariale en 2025 augmente déjà plus vite que le volume de marge. Le poids de la masse salariale équivaut en effet à environ 40 % de la marge. Aujourd’hui, des titulaires paient déjà au-dessus de la grille. On n’embauche pas d’adjoint au coefficient 430 par exemple. Ils demandent directement à commencer aux coefficients supérieurs. Pour les préparateurs, les demandes portent davantage sur le salaire net, ce qui est logique car nous ne sommes pas sur le même niveau de rémunération. C’est donc davantage avec eux que l’impact économique sera le plus important selon moi. Quoi qu’il en soit, toute modification a un impact direct car, dans le même temps, il n’y a rien qui existe pour améliorer la rentabilité de l’officine. Ces évolutions sur la grille vont donc avoir des conséquences pour de nombreuses pharmacies. C’est une réalité et ce n’est pas exagéré de le dire.

Quelles autres conséquences peut-on prévoir ?

Il y aura aussi un impact important sur la prime d’ancienneté, qui est calculée en fonction du coefficient. Le passage au statut d’assimilé-cadre pour les préparateurs aura aussi des conséquences au-delà de la rémunération, sur la prévoyance complémentaire et sur les cotisations sociales. Des effets aussi sont à attendre sur les pratiques RH, avec la difficulté de gérer ces nouveaux contrats qui vont arriver par rapport à ceux qui sont plus anciens.

Comment se situe le marché de l’emploi et quels effets cette révision de la grille peut-elle avoir sur celui-ci ?

Ces derniers mois, je reçois moins d’appels de pharmaciens qui ont du mal à recruter. Cela ne veut cependant pas dire qu’il y a une baisse du montant des salaires à l’embauche, ce n’est pas ce que nous constatons en tout cas. Le titulaire a peut-être plus de choix qu’il y a quelques mois au niveau des candidats mais la question qu’il doit surtout se poser c’est de savoir si son entreprise sera en capacité ou non de payer le salaire d’un nouveau salarié. Quant à l’impact de la révision de la grille sur de nouvelles embauches, j’observe que de nombreux titulaires n’ont pas encore pas bien intégré ces changements donc il est difficile de répondre à cette question. Ils nous ont très souvent sollicités sur la question des remises génériques mais sur la grille c’est beaucoup moins le cas. Peut-être existe-t-il une forme de lassitude chez eux face à cet afflux de nouvelles et d’informations souvent mauvaises qu’ils reçoivent en permanence. Le constant que je fais en tout cas c’est que de nombreux titulaires ne me semblent pas encore au fait de ces évolutions et nous leur conseillons de ne pas attendre la dernière minute pour s’y intéresser.

Propos recueillis par P.M

Source : Le Quotidien du Pharmacien