Vaccination, alimentation, croissance

Le prématuré, un enfant pas comme les autres

Par
Publié le 28/01/2019
Article réservé aux abonnés
Développement, prise de poids, immunité, complications… Les premières semaines de vie sont placées sous haute surveillance chez les prématurés.
tableau

tableau
Crédit photo : Caroline Victor-Ullern

prém vaccin

prém vaccin
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Des bébés qui veulent découvrir le monde plus tôt que prévu, il en naît entre 50 000 et 60 000 par an. Un nouveau-né est considéré comme prématuré s’il est né avant 37 semaines d’aménorrhée (SA), soit quatre semaines avant terme.

On distingue la prématurité moyenne correspondant à une naissance entre 32 et 37 SA ; les grands prématurés, naissant entre 28 et 32 SA, qui présentent des difficultés à contrôler leur respiration, d’où la nécessité d’un apport en oxygène et sont placés en couveuse en raison d’une mauvaise régulation de leur température ; et enfin, les très grands prématurés (ou prématurité extrême) nés avant 28 SA, qui ne respirent et ne peuvent se nourrir seuls. Entre 22 et 25 SA, le fœtus approche de la viabilité si son poids atteint les 1 000 grammes.

Les complications

Plus l’accouchement a lieu tôt, plus le risque de complications augmente. Chez le grand prématuré par exemple, le risque de séquelles est de 50 à 80 fois plus élevé que chez un bébé né à terme.

On retrouve fréquemment :

- Le syndrome de détresse respiratoire lié à l’immaturité pulmonaire nécessitant le placement sous respirateur ;

- Un reflux gastro-œsophagien ;

- Un ictère dû à l’immaturité hépatique et au retard de l’alimentation ;

- Une anémie, s’expliquant par le fait que 80 % des réserves de fer sont accumulées pendant le dernier trimestre de la grossesse ;

- Des infections.

Les très grands prématurés peuvent également souffrir de surdité et de rétinopathie.

Après l’hôpital

Le retour à la maison est décidé selon plusieurs critères : avant tout en tenant compte du poids du bébé situé entre 1 800 et 3 000 g, puis de son bon état de santé et de son mode d'alimentation, au sein ou au biberon, avec prise de 15 à 30 grammes par jour.

En raison des éventuelles complications et séquelles, les prématurés sont surveillés plus intensément que les enfants nés à terme. Les grands prématurés bénéficient d’examens auditifs et visuels au cours de leurs deux premières années ainsi qu’une prise en charge adaptée en cas de retards d’acquisition. La fragilité pulmonaire incite à une consultation rapide la première année si le nourrisson a de la fièvre ou tousse.

Alimentation

Le lait maternel reste l’aliment idéal grâce à sa teneur en acides gras poly-insaturé et la présence de facteurs de croissance. L’allaitement maternel permet d’améliorer les performances psychomotrices et cognitives, ainsi que les défenses immunitaires, diminuant le risque d’infections et de réhospitalisation. Si le bébé est nourri au biberon, des préparations infantiles adaptées aux prématurés sont commercialisées. Leur formule contient :

- Un apport plus riche en protéines avec un rapport caséine/protéines solubles ;

- Des triglycérides à chaînes moyennes et du DHA (acide cocosa-énoïque), participant au développement et la maturation du cerveau ;

- Un rapport de 2/3 de lactose pour 1/3 de dextrine-maltose pour une meilleure tolérance digestive ;

- Des vitamines et minéraux tels que le zinc pour le développement neuronal, le cuivre, l’iode et le sélénium anti-oxydant, sans oublier l’indispensable fer, limitant le risque d’anémie.

Vaccination

Les nourrissons prématurés sont vaccinés dès l’âge chronologique de 2 mois, quel que soit le terme de naissance. Ils présentent un risque accru d’infections bactériennes et virales en raison de leur immaturité immunitaire et du faible taux d’anticorps maternels transmis. Après la naissance, la maturation du système immunitaire dépend de l’exposition aux antigènes environnementaux. Les prématurés répondent ainsi dès 2 mois d’âge chronologique aux vaccins, identiques en leur composition et leur dose à ceux administrés aux nourrissons nés à terme.

TABLO WORD "RECO PREMA"

À noter : quatre injections sont nécessaires pour le vaccin anti-pneumococcique conjugué 13-valent, en raison d’une réponse plus faible d’immunogénicité que pour les bébés nés à terme.

Si les enfants sont nés de mère porteuse de l’AgHBS, ils doivent être vaccinés à naissance et recevoir une dose de vaccin à 1 et 6 mois. Les prématurés de moins de 32 SA recevront une dose supplémentaire à 2 mois de vie. La première dose vaccinale est associée aux immunoglobulines anti-HBs.

Enfin, les nourrissons prématurés âgés de plus de 6 mois doivent être vaccinés contre la grippe saisonnière avec un schéma à deux demi-doses administrées à 1 mois d’intervalle. Avant 6 mois, l’entourage familial direct est incité à être vacciné afin de protéger le nourrisson.

 

Domitille Darnis
En complément

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3490