L’« ordonnance » du pharmacien

Les cinq clés d’un plan de prise

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Publié le 26/01/2015
Tous les patients atteints de maladie chronique sont appelés à se servir d’un plan de prise. Planning thérapeutique, transposition de l’ordonnance vécue au quotidien, il est un des outils qui contribuent à l’adhésion thérapeutique. Comme tous les outils, il peut largement dépasser le cadre de ses attributions premières et révéler toute son utilité dans de nombreuses circonstances : aide quotidienne, bilan thérapeutique, accompagnement, éducation de la personne…

1 • Connaître ses objectifs

La première fonction du plan de prise est d’aider le malade à intégrer la prise de médicaments dans sa vie quotidienne. Outil de rappel, aide au suivi du traitement, il est indispensable tout particulièrement dans le cas de patients soumis à des médications complexes qui rendent l’observance difficile. Support d’échange, il est aussi l’occasion de discuter avec la personne de sa maladie, savoir comment elle gère son traitement, ses horaires, ses habitudes de prise… Car chaque emploi du temps est différent selon les activités qui jalonnent la journée (impératifs professionnels, rendez-vous, activité physique, heures des repas…), selon les périodes de travail, de congés, les week-ends. Le plan de prise est également un outil pédagogique qui permet d’évaluer la compréhension du patient quant à son traitement. Sait-il à quoi sert chaque médicament, à quel moment, dans quel intervalle il doit être pris et pourquoi ? Des questions simples qui montrent le niveau de connaissance et d’appropriation de son traitement. Reste au pharmacien à expliquer ou rappeler, si besoin est, l’utilité de chaque médicament.

2 • Concevoir le plan de prise

La plupart des logiciels informatiques qui équipent l’officine disposent d’une fonctionnalité « plan de prise » mais rien n’empêche de le réaliser à la main. Le document est généralement présenté sous la forme d’un tableau, plus visuel et très pratique pour modéliser la journée : le nom des médicaments, leur utilité, les moments repères de la journée (les repas, le lever, le coucher, les plages horaires entre les prises…) doivent y figurer accompagnés, si on le souhaite, d’informations complémentaires et de conseils. En titre, on trouvera la mention « plan de prise » en rappelant que le document n’est pas une ordonnance. Et bien sûr, il faudra indiquer sur la feuille les nom et prénom du patient suivis de la date de rédaction du document (au cas où la prescription change par la suite). Le nom de la pharmacie, son numéro de téléphone et le nom du pharmacien qui a rédigé le plan de prise doivent aussi y figurer de façon à ce que le patient ou son entourage puisse contacter l’officine si une question se pose.

3 • Remplir le plan de prise

Idéalement, c’est à deux, pharmacien et patient, que se rédige le plan de prise. Une discussion au cours de laquelle seront notées les heures de prise des médicaments selon les habitudes de la personne. On y inscrira également des informations relatives à l’objectif thérapeutique que l’on indiquera en toutes lettres. Il est essentiel, alors, d’utiliser le langage de la personne : un bronchodilatateur « évite d’avoir une crise d’asthme quand il fait froid », un anticholestérol « diminue le risque d’accident cardiaque », un anticoagulant « évite de faire un infarctus », un traitement antirejet « permet de ne pas rejeter l’organe greffé »… Savoir pourquoi il prend ses médicaments améliore l’implication du patient dans son traitement.

4 • Prendre le temps

Le plan de prise est un document transitionnel par le biais duquel pharmacien et patient font un pas l’un vers l’autre. Chacun en sortira grandi, par l’accompagnement qu’il offre, par le soutien qu’il reçoit. Mais, pour porter ses fruits, la rencontre doit prendre son temps, celui de la discussion, celui de l’assimilation. Il est donc préférable de prévoir un rendez-vous ou le cadre d’un entretien pharmaceutique pour réaliser l’exercice. D’autant que des problèmes peuvent émerger au cours de l’échange : quand un patient désigne un médicament en disant qu’il éprouve des difficultés à le prendre régulièrement, qu’il ne sait plus très bien à quoi ça sert… Il est utile de savoir pourquoi et de réorienter éventuellement le patient vers le prescripteur ; quand la personne déclare qu’elle n’a pas confiance dans un générique ou qu’il y a confusion entre deux spécialités dont les noms se ressemblent… Il faut expliquer et clarifier le plan de prise.

5 • Assurer le suivi

À chaque fois que la prescription change, le plan de prise peut être revu aux côtés du malade. Le document peut aussi être révisé à d’autres occasions. Qu’un patient soit perdu dans son traitement, que l’infirmière qui le suit ait modifié le moment d’une prise, qu’une incompréhension quelconque apparaisse, il faut reprendre le plan de prise. Il peut également être révisé ponctuellement dans un but pédagogique pour évaluer la compréhension du patient. L’évaluation peut porter sur une partie du traitement. On demande au patient de désigner les médicaments qui sont liés à une de ses pathologies, par exemple. C’est aussi l’occasion d’aborder d’autres sujets comme l’automédication, l’équilibre alimentaire, l’exercice physique, le suivi médical, le tabac…

Sujet réalisé sur les conseils de David Feldman, pharmacien hospitalier au CHU de Nantes.

 

Exemple de plan de prise sur le site www.centre-reference-muco-nantes.fr : document « Modèle plan de prise des médicaments ».


Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3148