Une soixantaine d’officines menacées en Auvergne-Rhône-Alpes

Publié le 30/11/2023
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En Auvergne-Rhône-Alpes, l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) pharmaciens a lancé une étude prospective pour identifier les pharmacies structurantes du territoire risquant de disparaître dans les 3 à 5 ans, afin de réclamer au ministère de la Santé des mesures pour leur venir en aide.

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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

« Depuis longtemps, le nombre de pharmacies diminue sur le territoire français, pointe Olivier Rozaire, président de l’URPS pharmaciens d’Auvergne-Rhône-Alpes. S’il n’y a pas aujourd’hui de grande difficulté, on s’approche de cette frontière. » Cinq pharmacies ont mis la clé sous la porte cette année dans sa région. « Nous voyons bien que la tendance est à la difficulté », alerte-t-il.

Pour tenter d’anticiper les difficultés, l’URPS a mené une étude prospective en Auvergne-Rhône-Alpes, visant à déterminer les endroits où l’offre de soins pourrait être en difficulté dans les 3 à 5 ans à venir.

« Le ministère de la Santé essaie de recréer une offre de soins dans les territoires où les déserts médicaux sont déjà très importants, associés à des disparitions de pharmacies. Selon nous, il est plus facile de trouver des solutions avec des structures existantes, plutôt que d’en recréer ex nihilo », estime-t-il.

Dans son étude, l’URPS a retenu les pharmacies seules dans leur commune, éloignée de plus de 15 minutes d’une autre et avec une activité économique inférieure à 1,3 million d’euros. Elle a également étudié l’offre de soins : un ou deux titulaires dans l’officine, un ou plusieurs médecins sur la commune. « Nous avons essayé d’identifier au mieux les pharmacies structurantes pour leur territoire. Puis, dans un second temps, nous les avons interrogées individuellement pour se faire une idée de leur situation concrète : est-ce que la population du village se développe ou diminue, les titulaires ont-ils envie de vendre leur pharmacie ou non, se sentent-ils en difficulté ? »

Consolider l’existant

L’URPS a ainsi identifié 82 officines dites structurantes, dans 82 communes. « Si ces pharmacies disparaissent, cela va créer des gros trous dans la carte. Après la deuxième phase d’étude, nous en avons trouvé entre 50 et 60, qui pourraient poser problème dans 3 à 5 ans », détaille-t-il.

Le dernier travail va être réalisé par l’Observatoire régional de la santé, qui va calculer le volume de population impactée par la disparition de ces officines. « Nous l’estimons entre 100 000 et 150 000 usagers, ce qui n’est pas négligeable et ne pourra qu’empirer si on recommence la même étude l’an prochain », s’inquiète Olivier Rozaire.

Cette étude servira ensuite de base de discussion avec les pouvoirs publics. « Quand il n’y a plus rien sur un territoire, il faut jouer sur trop de facteurs différents pour y remettre une offre de soins. Personne ne veut y venir seul ! Les officines que nous avons identifiées ne sont pas encore isolées, il y a souvent encore un médecin et un infirmier à proximité. Nous avons intérêt à consolider l’existant », conclut-il.

Anne-Gaëlle Moulun

Source : Le Quotidien du Pharmacien