Dans un marché mondial du médicament en progression

La France marque le pas

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Publié le 05/09/2016
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Le bilan économique du LEEM pour l’année 2015, publié fin août, met le doigt sur les faiblesses françaises en termes d’attractivité. Alors que le chiffre d’affaires de l’industrie pharmaceutique baisse ou stagne depuis 4 ans en France, les marchés voisins et plus lointains affichent de belles progressions. En cause : une fiscalité en hausse et des ventes qui poursuivent leur érosion.

C’est un nouveau signal d’alarme des industriels du médicament aux décideurs politiques. Le secteur pharmaceutique dévoile un nouveau bilan économique négatif, confirmant la tendance des quatre dernières années. Ce qui fait de la France, avec son chiffre d’affaires de 27,8 milliards d’euros (53,2 milliards d’euros avec l’export), le seul pays à ne toujours pas enregistrer de progression. Une stagnation difficile à assumer face à l’Allemagne (+6 %), le Royaume-Uni (+10 %), l’Italie (+13 %) ou les États-Unis (+12 %).

Patrick Errard, président du LEEM, pointe du doigt plusieurs facteurs : « alourdissement de la fiscalité générale et sectorielle, ralentissement de l’accès au marché, perte d’attractivité industrielle et, surtout, succession, depuis 2011, de prélèvements disproportionnés sur notre secteur au travers des lois de financement de la Sécurité sociale. » Il déplore que le poste médicament continue à servir de « variable d’ajustement au bénéfice d’autres postes de dépense, pourtant moins stratégique pour l’économie française ».

Il rappelle ainsi que le secteur du médicament assume à lui seul 50 % des efforts d’économies de l’Assurance-maladie, alors qu’il ne représente que 15 % des dépenses de santé. « En 2016, la contribution des entreprises du médicament s’élève à un niveau jamais atteint : 1,66 milliard d’euros d’économies, dont 900 millions d’euros de baisses de prix. »

Récession durable

De même, il dénonce la fixation d’un objectif de croissance du chiffre d’affaires des médicaments à -1 % pour 2015 et 2016, « ce qui constitue un très mauvais signal pour l’investissement en France ». Et en cas de dépassement, les industriels font l’objet de taxes supplémentaires à travers la clause de sauvegarde. Au final, c’est bien la régulation économique imposée en France qui explique les résultats mitigés du secteur.

Or « cette récession durable est pénalisante en termes d’attractivité du territoire », c’est pourquoi Patrick Errard plaide pour « un objectif de dépenses (ONDAM) médicament aligné sur l’ONDAM général, ainsi que pour des réformes structurelles du système de santé, qui permettent à ce dernier de restituer les économies dégagées par les innovations ».

Dans ce bilan, le LEEM rappelle que, en 2015, le chiffre d’affaires des médicaments en ville a atteint à 20,2 milliards d’euros (prix fabricant hors taxes), « soit -0,2 % par rapport à 2014, ce qui constitue la quatrième année de baisse consécutive, après -2 % en 2014, -2,4 % en 2013 et -2,5 % en 2012 ». Le recul est de -0,9 % pour les médicaments remboursables, dû à la baisse des volumes de 0,8 %. Une décroissance qui impacte tous les acteurs de la chaîne du médicament.

Selon le LEEM, en 2015, la décomposition du chiffre d’affaires TTC des médicaments remboursables vendus en officine est la suivante : 65,5 % pour le fabricant, 21,5 % pour l’officine, 10 % pour l’État et 3 % pour le grossiste-répartiteur. La part des pharmaciens a diminué en raison de l’évolution de leur système de rémunération, l’honoraire de dispensation n’entrant pas dans le calcul du prix public TTC du médicament.

Quant au chiffre d’affaires d’une officine en 2015, il repose encore essentiellement sur le remboursable prescrit (72 %). Le reste se répartit entre le non remboursable prescrit (2,4 %), le remboursable non prescrit (1,1 %), le non remboursable non prescrit (5,2 %), les autres produits sans AMM prescrits ou non (18,6 %) et les prestations de service (0,7 %).

Mélanie Mazière

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3283