110 spécialistes dénoncent le prix trop élevé des anticancéreux

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Publié le 15/03/2016

Crédit photo : Phanie

Tout ce que la France compte en cancérologues et en hématologues de renom s’insurge contre « le coût d’abord croissant et maintenant exorbitant » des innovations thérapeutiques dans le domaine du cancer. Dans un appel lancé aujourd’hui dans « Le Figaro », 110 spécialistes éminents, menés par Dominique Maraninchi, professeur de cancérologie, ancien directeur de l’Agence nationale du médicament (ANSM) et de l’Institut national du cancer (INCA) et par Jean-Paul Vernant, professeur d’hématologie, à l’origine du troisième plan cancer, tirent la sonnette d’alarme.

Ils mettent en cause les pratiques de l’industrie pharmaceutique. « Alors que pendant longtemps le prix d’un médicament était calculé en fonction de l’investissement consacré en recherche et développement (R & D), aujourd’hui les prix des nouveaux produits explosent alors que le coût en R & D a diminué », dénoncent les deux chefs de file de ce mouvement. Ils rappellent que les coûts de R & D représentent 15 % du chiffre d’affaires, tandis que les dépenses de marketing équivalent à 25 % et les marges bénéficiaires excèdent 15 %. Ils accusent les industriels de déterminer les prix des nouveaux traitements du cancer en fonction de « ce que les marchés sont capables de supporter. Cela explique les écarts de prix très importants observés d’un pays à l’autre ». Heureusement, rappellent-ils, que le prix des antituberculeux apparus au milieu du XXe siècle n’a pas été défini en fonction « des années de sanatorium et de morts évitées ».

Dans leur argumentaire, qui pointe les signes d’iniquité entre les patients dans le monde, les scientifiques français font référence à leurs homologues américains. Il y a un an, ceux-ci s’étaient émus de voir le prix des innovations décupler.

En France, le système de protection sociale permet à tous les patients de se soigner. « Mais pour combien de temps ? Et jusqu’à quel niveau d’inflation des prix », s’interrogent Dominique Maraninchi et Jean-Paul Vernant, qui définissent des pistes de réflexion pour définir un juste prix pour les médicaments du cancer.