Depuis cinq ans, la chaîne Dr Max, qui affiche au compteur un chiffre d’affaires de plus de 3.2 milliards d’euros en 2022, détient déjà 2 500 officines dans six pays européens et emploie quelque 17 000 salariés, positionne patiemment ses pions en Italie.
Au départ, l’enseigne est entrée dans la Péninsule quasiment sur la pointe des pieds avec deux officines. Deux ans plus tard, les drapeaux verts et rouges de Dr Max flottait déjà sur une vingtaine d’officines et le bilan du groupe faisait état d’un chiffre d’affaires de près de 31 millions d’euros au 31 décembre 2020. Depuis, il y a eu la pandémie de coronavirus, les opérations de communications et une politique de rachat coup de poing. Résultat : aujourd’hui, le géant qui détient 80 officines, dont une en ligne, et qui a réalisé un chiffre d’affaires de près de 62 millions d’euros l’an dernier, fait désormais figure de poids lourds en Italie.
Selon la presse spécialisée, des discussions seraient en cours avec le groupe Neo Apotek, fondé en 2019 par la famille de pharmaciens milanais Cocchi-Riva qui détient 126 officines. L’objectif de Dr Max serait de réussir à déposer Neo Apotek sous son sapin de Noël pour bien finir l’année après s’être offert les 7 officines de la firme Valuefarma début octobre. Selon certaines sources, l'opération devrait se faire, sauf imprévu. À Casalecchio di Reno, dans la ceinture bolognaise, siège du quartier général de l’enseigne tchèque en Italie, on se frotte les mains. En revanche, du côté des pharmaciens indépendants, l’appétit débordant de Dr Max suscite l’inquiétude. « Le temps des loups solitaires est révolu, pour survivre, il faut s’organiser en réseau et développer l’esprit d’équipe », a récemment affirmé la Cef, la première coopérative de la distribution pharmaceutique qui regroupe plus de 2 350 associés et quelque 1 450 officines, en juin dernier à l’occasion d’une convention nationale.
La bataille s'annonce serrée
Alors que les titulaires des officines réfléchissent à une stratégie de défense pour éviter d’être au mieux affaiblis, au pire dévorés, les salariés de Dr Max défendent pour leur part la progression de leur nouveau patron. « Nous sommes gagnants sur toute la ligne, au titre de groupe, les Tchèques doivent respecter les lois, ce qui n’est pas toujours le cas dans les pharmacies indépendantes », confie un pharmacien sous anonymat car il a signé une clause de confidentialité comme tous les salariés du groupe. Il explique que la convention collective est appliquée et que, par exemple, le temps de repos est respecté. Et aussi que les salariés touchent des primes, qu’ils ont le droit à une assurance et suivent des cours de formation. Enfin, qu’ils peuvent faire carrière. « Je pourrais devenir cadre dans le groupe, ce qui est impossible dans une officine indépendante ; compte tenu des dimensions des officines, en général, le titulaire dirige la pharmacie alors tout est bloqué », détaille ce pharmacien. Pour mieux enfoncer le clou, les officines de l’enseigne tchèque élargissent leur champ d’action en proposant à leur clientèle de réaliser des holters tensionnels et cardiaques ou des examens pour contrôler le cholestérol, la glycémie et les triglycérides. Ce que font aussi les officines indépendantes. La bataille s’annonce serrée.