Regénérer le cartilage

Un pansement pour l’arthrose

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Publié le 11/06/2019
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Et si un pansement permettait d’éviter la prothèse de genou ? Des chercheurs de l’université de Strasbourg viennent de tester pour la première fois, sur des gros animaux, un implant permettant non seulement de régénérer le cartilage mais aussi l’os sous- chondral sans lequel le cartilage ne pourrait pas se fixer.

Les chercheurs de l’université de Strasbourg (unité 1 260 « Nanomachine régénérative »), travaillent actuellement à la mise au point d’un implant baptisé ARTiCAR, capable de stimuler la régénération du cartilage suite à une lésion articulaire. Ce dispositif se présente sous la forme d’un pansement destiné à traiter les lésions de grade 3 à 4.

Dans un article publié dans « Nature Communications », l’équipe de Luca Gentile et de Nadia Benkirane-Jessel décrit les tests précliniques de sécurité réalisés avec succès sur l’animal.

Ils démontrent notamment la faisabilité de la pose du pansement chez la brebis. L’article fournit aussi des données sur la cytotoxicité, la biodistribution ainsi que les premières données d’efficacité avec un recul de 28 mois.

Sans os sous-chondral point de cartilage

« Cela fait longtemps que l’on travaille sur la régénération du cartilage à l’aide de cellules autologues, mais sans obtenir de cartilage stable, explique au « Quotidien » le Dr Benkirane-Jessel. En cas d’arthrose, l’os sous-chondral est également atteint. Dans ce cas, le cartilage n’adhère pas. » Les chercheurs ont donc l’idée d’un pansement en 2 couches : une couche d’aérogel contenant les cellules souches autologues destinées à régénérer le cartilage, et une couche de nanofibres contenant des facteurs de croissance pour reformer l’os sous-chondral.

Avec l’aide des médecins du service de chirurgie orthopédique du CHRU de Tours, les chercheurs strasbourgeois ont démontré chez l’animal que le pansement peut être posé via une arthroscopie, une technique mini invasive. L’équipe de Strasbourg compte améliorer son dispositif : « Nous travaillons sur une nouvelle structuration des cellules-souches, explique le Dr Benkirane-Jessel.Elles seront insérées dans l’aérogel sous forme d’organoïdes déjà organisés. »

Keller L. et al, Nature Communications, DOI : https://doi.org/10.1038/s41467-019-10165-5, 14 mai 2019.

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3526