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Multaq

Publié le 15/11/2010
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Multaq (dronédarone) est un nouvel anti-arythmique et le premier de cette classe à avoir démontré une capacité à réduire le risque d’hospitalisation ou de mortalité toutes causes confondues chez des patients souffrant de fibrillation auriculaire.

La classe pharmacologique

La dronédarone est classée dans les anti-arythmiques de classe III, comme l’amiodarone et le sotalol. Elle agit principalement par blocage des canaux potassiques (allongeant ainsi le temps de repolarisation et la période réfractaire), mais inhibe aussi les courants sodiques et calciques et se comporte également comme un antagoniste adrénergique. Il s’agit donc d’un mécanisme d’action composite.

Les principales caractéristiques du produit

Multaq se présente sous la forme de comprimés dosés à 400 mg.

Il est indiqué chez les patients adultes cliniquement stables présentant un antécédent de fibrillation auriculaire ou actuellement en fibrillation auriculaire non permanente, afin de prévenir les récidives ou de ralentir la fréquence cardiaque.

Il est contre-indiqué dans les insuffisances cardiaques de classe III instable et IV (classification NYHA).

La posologie recommandée est de 400 mg deux fois par jour, matin et soir.

La prise de jus de pamplemousse est formellement déconseillée au cours du traitement par Multaq, car celui-ci peut augmenter considérablement l’exposition à la dronédarone. Attention : un traitement par Multaq ne doit être initié qu’après l’arrêt de la prise d’autres anti-arythmiques de classes I ou III : flécaïnide, propafénone, quinidine, disopyramide.

La dronédarone étant principalement métabolisée par le cytochrome CYP3A4, l’association à de puissants inducteurs (rifampicine, phénobarbital, carbamazépine, phénytoïne, millepertuis…) ou inhibiteurs (kétoconazole, itraconazole, voriconazole, ritonavir, télithromycine, clarithromycine…) est contre-indiquée.

Son utilisation est également contre-indiquée en cas d’insuffisance rénale ou hépatique sévère.

Le produit dans sa classe thérapeutique

Les autres anti-arythmiques sont représentés par l’amiodarone, le flécaïnide, la propafénone, le sotalol, les bêta-bloquants, la cibazoline, le disopyramide, les quinidiniques, le vérapamil et les digitaliques.

L’étude internationale ATHENA, réalisée chez près de 5 000 patients (âgés de 23 à 97 ans, dont 42 % avaient plus de 75 ans) présentant une fibrillation auriculaire ou un antécédent de fibrillation auriculaire et des facteurs de risque supplémentaires (hypertension artérielle, cardiopathie structurelle), a montré, avec un suivi maximum de 30 mois, une diminution de 24 % de l’incidence de survenue d’une hospitalisation cardiovasculaire ou d’un décès toute cause, comparativement au placebo.

Rappelons que le traitement d’une fibrillation auriculaire comprend également de manière systématique, en l’absence de contre-indication, la prise d’un antithrombotique.

Le confort du patient

Les effets indésirables les plus fréquemment observés lors d’essais cliniques ont été représentés par une bradycardie (conséquence directe du mécanisme d’action), allongement de l’espace QT, des diarrhées, des nausées/vomissements, des œdèmes périphériques, de la fatigue et une asthénie.

› PAR DIDIER RODDE, PHARMACOLOGUE

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2789