Différenciation et résorbtion osseuse

L’os produit de la sérotonine

Publié le 07/01/2013
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La sérotonine locale produite par les ostéoclastes, un site inattendu, a bien plus d’impact sur l’os que la sérotonine circulante. Elle faciliterait leur différentiation et, ainsi, la résorption osseuse. Une découverte de l’unité mixte de recherche 606 INSERM, dirigée par Marie-Christine de Vernejoul, associée au laboratoire de biochimie de l’hôpital Lariboisière et au laboratoire cytokines, hématopoïèse et réponse immune (CNRS/Université Paris-Descartes) à l’hôpital Necker à Paris.
Les ostéoclastes expriment à leur surface le transporteur de la sérotonine

Les ostéoclastes expriment à leur surface le transporteur de la sérotonine
Crédit photo : phanie

LA SÉROTONINE régule un grand nombre de fonctions centrales, comme l’humeur, le comportement, le sommeil, la tension et la thermorégulation, et de fonctions périphériques : elle assure la régulation du système vasculaire, du cœur et de la mobilité gastro-intestinale. Toutefois, la sérotonine circule dans l’organisme à des taux extrêmement faibles. Elle est majoritairement stockée dans les plaquettes et n’est disponible pour les organes périphériques que si elle est relarguée lors de l’activation de ces plaquettes.

Le rôle de la sérotonine a jusqu’ici fait débat : certains chercheurs ont décrit une action négative de la sérotonine circulante sur le tissu osseux (elle empêcherait la régénération osseuse en agissant sur les ostéoblastes pour diminuer leur prolifération), d’autres ne retrouvent pas de modification osseuse en l’absence de sérotonine chez la souris. L’on comprend mieux ces contradictions à la lecture des résultats des travaux menés chez la souris. La sérotonine produite localement par les ostéoclastes agit en effet directement sur ces cellules en accélérant leur différentiation. Un processus normal qui contribue à maintenir l’équilibre entre dégradation et formation osseuse.

Autre découverte dont les implications vont bien au-delà de l’os, les ostéoclastes expriment à leur surface le transporteur de la sérotonine ainsi que certains de ses récepteurs. Les médicaments affectant le transporteur de la sérotonine, comme les antidépresseurs, et les récepteurs de la sérotonine, comme les antimigraineux, pourraient donc modifier l’équilibre entre dégradation et formation d’os.

Par ailleurs, la carence en estrogènes inhérente à la ménopause influe-t-elle sur la production de sérotonine par les ostéoclastes ? Une question cruciale qui devrait faire l’objet d’un prochain projet de recherche.

* Jasmine Chabbi Achengli, Amélie E. Coudert, Jacques Callebert, Valérie Geoffroy, Francine Côté, Corinne Collet, and Marie-Christine de Vernejoul, Proc Natl Acad Sci USA, janvier 2012.
› Dr B. B.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2971