Calvitie et risque coronarien

L’infarctus du chauve

Publié le 08/04/2013
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VOUS connaissez déjà l’infarctus du myocarde, l’infarctus mésentérique et l’infarctus cérébral ? Mais savez-vous qu’existe aussi l’infarctus du chauve ? Bon, n’allez pas imaginer la contraction spastique d’une curieuse artère sous-cranienne brusquement rafraîchie par l’absence de couverture capillaire… Non, non, car l’infarctus du chauve tient plus de l’abus de langage que de la description clinique. Nous sommes plutôt en fait sur le terrain de jeu des épidémiologistes qui jonglent avec les notions de risques, d’occurrence et d’écart type. En l’occurrence, justement, ce sont des chercheurs de l’Université de Tokyo qui ont eu l’idée de se pencher sur le crâne dégarni de quelques milliers d’hommes et de peser leur risque coronarien. Plus précisément, ils ont analysé six études sur la calvitie masculine et les maladies coronariennes menées entre 1993 et 2008 aux États-Unis et en Europe, auprès de 40 000 participants. Leur découverte, toute statistique, est étonnante. Selon eux, les hommes qui avaient perdu la plus grande partie de leur chevelure présentaient un risque 32 % plus élevé que les autres de développer une maladie coronarienne. Et le niveau de risque serait d’autant plus important que leur calvitie est grande, mais uniquement si le patient perd ses cheveux au sommet de la tête, à savoir, sur le vertex. Nul besoin de couper les cheveux en quatre, pour les scientifiques nippons la chose est entendue : la calvitie de la tonsure est plus étroitement associée à l’athérosclérose que la calvitie frontale. Le sourire aux lèvres, voilà que je me prends à caresser mon front dégarni avec tendresse. Il faut bien que parfois l’homme chauve sourît…

› DIDIER DOUKHAN

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2997