Une zone cérébrale anti-tournis

Le secret des ballerines

Publié le 03/10/2013
Article réservé aux abonnés
La grâce du mouvement sans les vertiges

La grâce du mouvement sans les vertiges
Crédit photo : AFP

ON POURRAIT croire qu’il s’agit de l’un des thèmes de recherche primés chaque année par les anti-Nobel (voir notre édition du 16 septembre dernier). Pourquoi les ballerines, même après une longue série de pirouettes, n’ont pas la tête qui tourne ? En dépit de son aspect anecdotique, la question intéresse les chercheurs de l’Imperial College de Londres. À tel point que le Dr Barry Seemungal a décidé de percer le secret de l’incroyable résistance au tournis des danseuses. Vingt-neuf ballerines classiques et 20 jeunes sportives de même âge pratiquant l’aviron ont été observées, tandis qu’on les faisait tourner sur un fauteuil pivotant dans l’obscurité la plus totale. Après l’arrêt de la rotation, on leur demandait d’actionner un levier si elles avaient encore le sentiment de tourner. Par ailleurs, les chercheurs ont également soumis leur cerveau à une IRM et leurs réflexes oculaires ont été mesurés. Résultat : la durée et l’intensité des vertiges étaient toujours plus faibles chez les ballerines que chez les rameuses. Mais surtout, l’examen par IRM a révélé que la rotation chorégraphiée finissait, à la longue, par modifier une zone précise du cortex cérébral responsable de l’impression de vertige. À force, expliquent les scientifiques, la sensation « inutile » de vertige chez les danseurs provoque une adaptation du cerveau qui fait régresser les zones dédiées à cette sensation. Et c’est là que ce qui pouvait sembler futile devient utile. « Car, résume le Dr Seemungal, si nous pouvons cibler ou contrôler les mêmes zones du cerveau chez nos patients souffrant de vertiges chroniques, nous pourrons commencer à comprendre comment mieux les traiter. » Tête droite et regard planté sur l’horizon, les gracieuses ballerines peuvent leur vrille… Leurs pirouettes ne font pas tourner en rond, mais au contraire avancer la médecine.

› D.D.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3034