« Gwada négatif ». Une seule personne au monde porte ce groupe sanguin. Son nom a même été inventé pour elle. Une originale qui s’ignorait. C’est lors d’une intervention chirurgicale, à Paris, que cette patiente a appris sa singularité. En amont de l’opération, les analyses en vue d’une éventuelle transfusion révèlent un phénomène inattendu : un anticorps dans son sang réagit avec tous les globules rouges de donneurs de sang testés. Tous, sans exception. Son groupe sanguin est incompatible avec tout le monde… sauf avec elle-même. Un mystère que le pharmacien biologiste médical, de l’Établissement français du sang, n’a pas oublié. Huit ans plus tard, il reprend l’enquête avec d’autres chercheurs et une nouvelle technologie : le séquençage complet de l’ADN à haut débit. Bingo. Un gène, baptisé PIGZ, a muté. Comme la patiente est originaire de Guadeloupe, ce groupe sanguin inédit est baptisé « Gwada négatif ». On connaît surtout les groupes A, B, O, ou les rhésus positif ou négatif, découverts au début du XXe siècle. Mais en réalité, près d’un million de personnes en France pourraient appartenir à un groupe sanguin rare… sans le savoir. Comme cette patiente, quelque 20 000 Français ont découvert un jour être des originaux, détenteurs de groupes sanguins rares, mais identifiés.
Mais pour Madame « Gwada négatif », la mutation est probablement ancienne ; ses deux parents lui ont transmis ce gène rare sans doute hérité d’ancêtres guadeloupéens. C’est ainsi qu’un 48e système de groupe sanguin a fait son entrée chez l'être humain, baptisé le PIGZ. La patiente a aujourd’hui une soixantaine d’années. Des poches de son sang ont été congelées à moins 80 degrés, elles pourront être conservées trente ans. Pour son propre usage ou si, un jour, un autre « Gwada négatif » se retrouve au bloc opératoire. Elle pourra ainsi lui sauver la vie.
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