L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) a écrit une lettre au Premier ministre, François Bayrou, pour demander notamment « la suspension immédiate » de l’arrêté abaissant le plafond de remise sur les génériques au 1er septembre et alerter une nouvelle fois sur les conséquences de cette mesure sur le maillage pharmaceutique.
La mobilisation des pharmaciens contre la baisse des remises génériques, notamment symbolisée par la fermeture de très nombreuses officines le samedi 16 août, peut-elle suffire à convaincre l’exécutif de faire machine arrière ? Si cette perspective semble bien illusoire pour le moment, l’USPO ne désespère pas de faire entendre raison au gouvernement. Dans une lettre ouverte envoyée au Premier ministre ce mercredi 20 août, le syndicat demande « solennellement la suspension immédiate de cet arrêté et l’ouverture sans délai d’une négociation conventionnelle avec l’assurance-maladie, afin de bâtir un plan pluriannuel de financement du réseau pharmaceutique ».
Dans cette missive, l’organisation syndicale critique durement la politique générale du gouvernement concernant les médicaments génériques, entre baisses de prix successives qui favorisent les ruptures et concessions faites aux industriels sans résultats probants. L’industrie du générique, « loin d’être nationale et fidèle à la France, est la plus financiarisée et contrôlée par des multinationales et des fonds d’investissement étrangers. Ces acteurs internationaux ont obtenu du gouvernement une oreille attentive pour réclamer des hausses de prix dans un contexte d’inflation », tient d’abord à rappeler l’USPO, qui fait ensuite part de son incompréhension totale quant à la stratégie décidée par l’exécutif. « Plutôt que d’augmenter le prix des médicaments, le gouvernement a choisi de réduire les remises commerciales accordées aux officines. Autrement dit, de prendre dans la poche des 20 000 pharmacies de métropole et des DROM, de leurs 146 000 salariés et, in fine, d'impacter leurs patients ». Il est également reproché au gouvernement en place de ne pas avoir pris la peine d’évaluer sérieusement les conséquences des dispositions prévues par l’arrêté. « C’est une politique court-termiste, guidée par le ministère de l’Industrie au détriment du ministère de la Santé. Les récents échanges avec vos services ont montré que les études d’impact sur le réseau officinal n’ont pas été réalisées de façon robuste. Les chiffres présentés sont peu nombreux, insuffisamment étayés et entachés de biais. Ils ne permettent en aucun cas de mesurer l’impact réel de cet arrêté », dénonce l’USPO.
Les conséquences de cette mesure sont en effet loin d’être neutres, selon les estimations du syndicat. Près d’une pharmacie sur trois en péril, près de 6 000 communes qui risquent de perdre leur unique officine, un salarié par pharmacie en moyenne qui pourrait perdre son emploi… « C’est désormais le spectre des déserts pharmaceutiques qui est en cours », alerte en effet l’USPO. L’organisation présidée par Pierre-Olivier Variot rappelle au Premier ministre que le mouvement engagé par les pharmaciens a déjà reçu le soutien de nombreux élus, à l’instar de l’ancien président de la République, François Hollande, de l’ex-ministre de la Santé, Aurélien Rousseau (tous deux députés aujourd’hui), ou encore du maire de Nice Christian Estrosi. « Des centaines d’élus de tous horizons se sont mobilisés. Des citoyens, par centaines de milliers, ont signé une pétition pour défendre leurs pharmacies de proximité », peut-on lire dans la lettre ouverte expédiée à Matignon.
Dans ce même courrier, l’USPO souligne la « détermination » qui anime aujourd’hui le réseau « tout entier à défendre la santé de proximité ». Il met en garde l’exécutif contre les conséquences désastreuses qui attendent le réseau mais aussi les patients, victimes collatérales de cette décision politique. « La France a déjà perdu près de 2 000 officines en dix ans, dont 400 sur la seule année écoulée. Bientôt, notre pays passera sous la moyenne européenne en nombre d’officines par habitant. Quand tirerez-vous enfin la sonnette d’alarme ? » La question est posée, reste à voir si le gouvernement y apportera une réponse satisfaisante.
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