Un nouveau pôle de santé dans le Calvados

À Trévières, le pharmacien fédère les énergies

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Publié le 29/10/2018
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Le non-remplacement prévisible des médecins a amené la construction d'un pôle de santé dans cette petite commune du Calvados, un résultat qui n'aurait peut-être pas été possible sans le rôle fédérateur du pharmacien.
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Crédit photo : J. Gravend

La commune de Trévières (Calvados) aura bientôt un pôle de santé. Les travaux de construction ont démarré au début de l'été, prévus pour durer quatorze mois. Le pôle de cette commune de 1 100 habitants comprendra trois cabinets médicaux, et un en attente, deux cabinets infirmiers, un cabinet de kiné, et un d'ostéopathie. La mise en chantier intervient après six ans de démarches de Jean-François Lilti, le pharmacien de Trévières, président de l'association des professionnels de santé, qui a su convaincre élus communaux et communautaires, et… les professionnels eux-mêmes.

« Je suis allé voir le maire, Jean-Pierre Richard, pour lui exposer la situation sanitaire, alors qu'il y avait encore quatre médecins sur Trévières. Mais ils avançaient en âge, n'étaient pas remplacés, et ne paraissaient pas pouvoir l'être, rappelle le pharmacien. Il n'y a plus aujourd'hui que deux médecins et demi. Le maire a été très étonné, mais ne s'est pas opposé à ce qu'on travaille à y remédier. Mireille Dufour, qui lui a succédé il y a trois ans, a été dans le même état d'esprit. J'ai ensuite démarché les professionnels de santé, un à un, pour constituer une association pour soutenir un projet de pôle de santé ».

Travailler ensemble

Le confrère explique que sa tâche a alors été de « fédérer des gens qui ne se parlaient pas ». Les infirmiers et kinés ont vite suivi, attirés par des locaux nouveaux et le désir de travailler ensemble. « C'était plus compliqué avec les médecins, observe Jean-François Lilti, parce que cela va à l'encontre de leur formation : on ne leur apprend pas à partager le diagnostic. Ils travaillent seuls ».

Le pharmacien avait pour lui l'avantage d'avoir, personnellement, de bonnes relations avec les médecins, comme avec tous les professionnels. Mais, alors même que les maçons sont à l'œuvre, un des généralistes conserve son cabinet et décide de ne pas rejoindre le pôle.

C'est la communauté d'agglomération Isigny-Omaha, qui regroupe l'ancien canton de Trévières et une partie des trois anciens cantons, soit 59 communes et 27 000 habitants, qui est maître d'ouvrage, et finance le projet. Le pôle coûtera 1,3 million d'euros, offrira 445 m2 de surface sur deux niveaux, avec ascenseur, dont un logement pour accueillir un interne ou un jeune médecin. Pour cette communauté d'agglomération, il s'agit de son second pôle de santé, un premier étant en service à Isigny-sur-Mer, depuis cinq ans, à une vingtaine de kilomètres.

Le pharmacien de Trévières veut limiter son rôle à celui d'un « fédérateur », sans doute indispensable. Il a pris la mer quand les travaux ont commencé, satisfait de laisser sa place à un autre président.

 

Jacques Gravend

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3469