Sauf miracle ou repreneur de dernière minute, la pharmacie de Rivehaute, dans les Pyrénées-Atlantiques, fermera définitivement le 30 août. Un déchirement pour Joël Presani, son titulaire depuis 27 ans, et pour les 250 habitants du village. Une énième fermeture d’officine en milieu rural aussi, qui fait écho à l’actualité et aux menaces qui pèsent sur le maillage pharmaceutique.
À Rivehaute, village béarnais d’environ 250 habitants, on trouvait encore il y a quelques années un cabinet médical, un salon de coiffure, un restaurant, un garage automobile et une épicerie. Aujourd’hui, il ne reste qu’une pharmacie et malheureusement plus pour très longtemps, sauf rebondissement de dernière minute. « Je suis le dernier des Mohicans », se désole Joël Presani, titulaire depuis 27 ans. Autant d’années qui lui auront permis de nouer de solides relations avec des patients qui sont aussi ses amis ou ses voisins. « Le 30 août, tout sera terminé. C’est un énorme pincement au cœur pour moi. Lâcher tout ça, c’est très difficile », confie le titulaire, très affecté par la situation. L’officinal se bat depuis des années pour éviter ce qui semble aujourd’hui inéluctable. « La situation est devenue difficile il y a une dizaine d’années lorsqu’une maison médicale a été ouverte dans une commune à 15 km de la nôtre. Notre médecin a quitté le village pour aller s’y installer. Quelques années plus tard, un autre praticien est venu mais cela s’est mal passé pour lui et il est reparti au bout de quelques mois ». Depuis plus de 5 ans, Rivehaute n’a plus de médecin. Le pharmacien l’a rapidement compris, sans praticien c’est l’avenir de son officine qui était désormais en péril.
Malgré de multiples démarches, le titulaire n’a en effet jamais vu l’ombre d’un repreneur jusqu’à aujourd’hui. « Sans médecin, on m’a bien fait comprendre que je n’y arriverai pas. Cela fait 10 ans que je me bats contre des moulins à vent. J’ai alerté les élus locaux, qui n’ont pas toujours pris conscience du danger que cette situation fait peser sur le territoire. J’ai écrit il y a quelques mois à l’agence régionale de santé pour évoquer la possibilité d’ouvrir une antenne comme cela s’est fait ailleurs en France. L’ARS n’a jamais daigné me répondre », fait remarquer le pharmacien, qui se désole de voir que des solutions existent mais ne sont pas exploitées. Il cite notamment la possibilité de faire venir quelques heures par semaine à Rivehaute les médecins de la maison médicale située à une quinzaine de kilomètres. Une autre demande pour l’instant sans réponse. En plus de devoir laisser les habitants de son village sans pharmacie, Joël Presani va également devoir licencier sa préparatrice. « J’ai 63 ans, je n’ai pas encore tous mes trimestres pour avoir une retraite pleine, mais aujourd’hui je suis au bout du rouleau », confie-t-il. Une seule nouvelle pourrait le convaincre de continuer sa mission. « Si j’ai un engagement clair de la part d’un pharmacien pour reprendre l’officine, alors je serais prêt à continuer. Même pendant quelques mois s’il le faut », promet Joël Presani.
La pharmacie de Rivehaute présente toutes les caractéristiques de l’officine rurale. Un chiffre d’affaires de 850 000 euros, une quarantaine de patients par jour en moyenne, une difficulté voire une impossibilité à accomplir de nouvelles missions du fait du manque de personnel et beaucoup de temps passé à aider une population parfois âgée et pas à l’aise avec les nouvelles technologies. « On propose la télémédecine, on fait de la livraison à domicile mais on aide aussi des personnes qui ont des difficultés pour certaines démarches administratives, notamment lorsque cela concerne la carte Vitale », confirme Joël Presani. La pharmacie a même parfois fait office de dépôt de pain pour rendre service à la population. Articles parus dans la presse locale pour annoncer la fermeture de l’officine, lancement d’une pétition « Oui à une pharmacie » à l’initiative d’un collectif d’habitants… la fermeture de la pharmacie de Rivehaute ne laisse pas indifférent. Elle n’est cependant qu’un exemple parmi d’autres d’un phénomène amorcé depuis plusieurs années et qui risque de s’aggraver encore dans les années à venir : la diminution progressive des pharmacies rurales et le risque réel de voir apparaître des déserts pharmaceutiques. « Je veux encore croire aujourd’hui que reprendre une officine comme la mienne peut intéresser de nombreux pharmaciens qui ont une certaine idée de ce que doit être notre métier. Dans mon cas il est peut-être trop tard, concède-t-il, mais j’espère que l’exemple de la pharmacie de Rivehaute pourra servir d’électrochoc, qu’elle permettra une prise de conscience sur la situation actuelle des pharmacies rurales », clame Joël Presani.
Si vous êtes intéressés à l’idée de reprendre la pharmacie de Rivehaute et avez besoin de renseignements, vous pouvez écrire à Joël Presani à l’adresse mail suivante : pharmaciederivehaute@orange.fr
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