Biosimilaires

Des substitutions au cas par cas

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Publié le 11/06/2021
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Avec trois biosimilaires dans le portefeuille et une dizaine en développement, la biotech américaine Amgen a su s’imposer dans ce marché particulier en à peine 4 ans. Interrogée sur l’éventualité d’une substitution biosimilaire par le pharmacien d’officine, elle y reste opposée mais voit une piste de discussion concernant les biosimilaires les plus anciens et les moins complexes.
Une position plus restrictive que les recommandations de l’Académie

Une position plus restrictive que les recommandations de l’Académie
Crédit photo : Phanie

Attaché à « la décision partagée entre le médecin et le patient dans un colloque singulier », Amgen n’est pas favorable à l’idée de substitution biosimilaire par le pharmacien d’officine. Selon Jean-Philippe Alosi, directeur des affaires publiques d’Amgen France, le pharmacien est, en termes de biosimilaires, un « relais d’informations » et doit « s’assurer de l’adhésion du patient à son traitement » et pour cela l’accompagner « dans la compréhension de son traitement pour favoriser une observance de qualité ».

Un point de vue partagé par Sonia Tropé, directrice de l’Association nationale de défense contre l’arthrite rhumatoïde (ANDAR). « Il est difficile d’envisager que le pharmacien puisse faire une proposition différente de celle décidée lors du colloque singulier avec le médecin. Néanmoins, le spécialiste hospitalier, le spécialiste libéral, le pharmacien d’officine et l’infirmier ont tous un rôle clé, chacun dans son expertise, dans la prise en charge du patient. » Pour la directrice de l’ANDAR, la question n’est pas de trancher sur une éventuelle substitution ou interchangeabilité biosimilaire, mais de trouver la meilleure prise en charge.

Liste positive

Ce positionnement d’Amgen et de l’ANDAR, commune au think tank biosimilaires dont ils sont membres, est le moins favorable à la substitution biosimilaire. Même l’association des génériqueurs, le GEMME, a assoupli sa position fin 2019 en imaginant une substitution biosimilaire à l’initiation de certains médicaments… alors que la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2020 votée dans la foulée écartait définitivement le droit de substitution biosimilaire à l’officine. Mais en annonçant un nouveau travail de concertation. Las, une pandémie mondiale a bouleversé les calendriers. L’Académie nationale de pharmacie a néanmoins rendu sa copie en novembre dernier. S’appuyant sur plusieurs publications scientifiques, elle estime que cette substitution doit pouvoir se faire aussi bien en initiation qu’en cours de traitement pour certaines classes de médicaments biologiques tels que les insulines, les héparines de bas poids moléculaires ou les G-CSF non glycolysés et appelle les autorités à publier une liste positive des médicaments biologiques substituables à tout moment à l’officine.

Interpellés sur ces propositions, Amgen et l’ANDAR ne s’y opposent pas pour les molécules les moins complexes et les plus anciennes comme les insulines. « La quasi-totalité des associations de patients atteints de maladies chroniques inflammatoires est ouverte à une démarche différenciée selon les molécules, reconnaît Sonia Tropé, avec une limite : lorsqu’un médicament est à prescription initiale hospitalière, donc limitée à certains spécialistes, il ne doit pas y avoir de substitution possible à l’officine. »

D'après un atelier presse d'Amgen le 8 juin 2021.

Mélanie Mazière

Source : Le Quotidien du Pharmacien