Panorama 2024 de l'Ordre des pharmaciens

Démographie officinale : le nombre de pharmacies continue à diminuer

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Publié le 01/08/2025
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

En 2024, 19 627 officines étaient recensées en France métropolitaine contre 19 887 l’année précédente (soit une baisse de 1,3 %), selon les statistiques du Panorama de la démographie publié par l’Ordre des pharmaciens. Sur les dix dernières années, le nombre de pharmacies a donc baissé de près de 10 %. Les liquidations judiciaires, notamment, se multiplient.

Le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) avait présenté, le 5 juin dernier, les premiers chiffres de la démographie pharmaceutique. Des statistiques qui faisaient état d’une augmentation du nombre d’adjoints, mais d’une baisse du nombre de titulaires dans le même temps. Si le nombre de titulaires continue à baisser, c’est en partie en raison de la dégradation du réseau officinal, comme le révèle le Panorama de la démographie, dont les données complètes ont été publiées par l’Ordre le 31 juillet. Le maillage officinal est passé sous le seuil des 20 000 officines en France métropolitaine en 2023 (19 887 officines cette année-là) et ce mouvement s’est poursuivi au même rythme en 2024 (19 627 officines), soit une perte de 1,3 % pour la deuxième année consécutive. En tout, le réseau a donc vu disparaître 260 officines en une seule année. Si bien que l’on compte désormais 30 officines pour 100 000 habitants, contre 34 il y a dix ans. Autrement dit, chaque officine dessert en moyenne 3 368 habitants.

Dans les faits, la répartition du réseau est très inégale sur le territoire. Les trois régions les plus peuplées concentrent à elles seules plus de 40 % des officines : l’Île-de-France (3 408 officines), Auvergne-Rhône-Alpes (2 347) et la Nouvelle-Aquitaine (2 012). À l’autre bout du spectre, la région Centre-Val de Loire ne compte plus que 738 pharmacies (16 pharmacies en moins dans cette région en 2024). La Bourgogne-France-Comté en compte 898, après la disparition de 23 officines en un an. En rapportant ces chiffres à la densité de population, seulement 25 départements comptent plus de 34,6 officines pour 100 000 habitants.

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Cette restructuration est à l’œuvre depuis dix ans : le réseau a ainsi perdu 2 145 officines depuis 2014. La plus forte dégradation du maillage pendant la dernière décennie a été observée dans les départements de l’Allier, qui a perdu 23 % de son réseau, de la Saône-et-Loire (-20 %), de l’Ariège (-19 %), de l’Yonne (-19 %) et du Gers (-19 %). Seulement trois départements ont connu une densification de leur réseau officinal : le Haut-Rhin, le Bas-Rhin et les Hautes-Alpes. Aujourd’hui, 34,6 % des officines françaises sont installées dans des communes de moins de 5 000 habitants et 31,7 % se trouvent dans des communes de 5 000 à 30 000 habitants… Elles constituent « le cœur même de l’offre de soins de proximité. Ce réseau est la base essentielle qui garantit un maillage territorial efficace et harmonieux et permet une desserte optimale en médicaments sur l’ensemble du territoire ». souligne Bruno Maleine, président de la section A en 2024 (depuis remplacé par Bruno Galan). Problème, « Les fermetures s’accélèrent, surtout en milieu rural », complète l’ordinal.

En effet, si les cessions progressent (+ 2,8 %), aucun ralentissement de fermetures de pharmacie n’est en vue : 248 en 2023, 250 en 2024. Rapporté à la population, on dénombre donc 3,8 fermetures pour un million d’habitants à l’échelle nationale. Néanmoins, c’est en Bretagne que ce taux est le plus élevé : 6 officines fermées pour 1 million d’habitants. Autre indicateur révélateur de la dégradation du réseau, les fermetures sèches, c’est-à-dire celles qui n'ont pas donné lieu à une reprise. Elles restent la raison la plus fréquente de fermeture d’une officine (plus de 60 % des cas). En tout, on recense 151 fermetures définitives non indemnisées en 2024, contre 158 en 2023 et 110 en 2022. Les regroupements, eux, ont légèrement ralenti : 29 en 2024 contre 39 en 2022, et s’observent « surtout dans les grandes métropoles », précise Bruno Maleine. Dans le même temps, les liquidations judiciaires, elles, ont plus que doublé. Elles sont passées d’une dizaine les années précédentes à 27 en 2024. Les fermetures touchent en particulier une certaine typologie d’officines : celles qui ont un chiffre d’affaires compris entre 500 000 euros et 1 million d’euros (45 % des cas). C’était déjà le cas en 2023.

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Ces chiffres confirment donc les menaces qui pèsent sur un réseau toujours dense mais plus que jamais menacé. Le maillage va devoir en effet résister à la baisse à venir du plafond de remise sur les génériques. Selon l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), « une pharmacie sur trois est aujourd’hui en péril » et « 6 000 communes pourraient perdre leur officine », à cause de l’abaissement de ce plafond de 40 % à 30 %. Une mesure dont les conséquences économiques s’annoncent donc dévastatrices et qui ne saurait être compensé par le dispositif d’aide de l’assurance-maladie pour les pharmacies situées dans les territoires fragiles (à ce jour, seulement 260 officines sont éligibles à cette subvention de 20 000 euros par an durant trois ans) ni par l’expérimentation d’antennes de pharmacie dans seulement quelques villages.


Source : lequotidiendupharmacien.fr