Le Quotidien du pharmacien. – Que renferme le terme «solide» en matière d'hygiène et de cosmétique ?
Céline Couteau.– Attention à ce terme qui est volontiers utilisé pour véhiculer des valeurs liées à l'éco-responsabilité, alors qu'il ne reflète pas forcément la réalité galénique. Par exemple, un produit présenté comme une crème solide est un non sens d'un point de vue physico-chimique. Une crème est une émulsion comportant deux phases, aqueuse et huileuse, qui ne peut, par définition, pas être solide. En cosmétique, une émulsion contiendra forcément de l'eau et la pharmacopée la considère comme une forme semi-solide. Par ailleurs, des produits historiquement fabriqués sous forme solide sont parfois présentés au consommateur comme des nouveautés, à l'instar du savon (qui date de l'Antiquité) ou du pain dermatologique (qui date de la seconde guerre mondiale). La cosmétique solide est surtout une mode face à laquelle le pharmacien doit rester vigilant.
Est-il vrai, cependant, que la cosmétique solide contient moins d'ingrédients que les autres formes ?
Absolument, ces produits ont des compositions limitées à quelques ingrédients, comme les cires végétales (cire de carnauba, de jojoba, d'abeille...), les beurres ou graisses (karité, cacao, mangue, lanoline...), le huiles (tournesol, jojoba...) ou les poudres (comme l'argile, souvent utilisé, le talc, l'amidon...) pratiques pour donner de la consistance à la préparation. Ce qui ne veut pas dire qu'ils sont dénués de toute nocivité. Les argiles, par exemple, peuvent subir deux types de contamination, par des micro-organismes ou des polluants comme les métaux lourds. Le talc et l'amidon sont plus résistants à la contamination. Par ailleurs, l'argile n'est pas adapté à tous les types de peau, il assèche l'épiderme et peut provoquer une hyper-séborrhée réactionnelle. Une composition courte, préférable pour sa simplicité, ne sera pas forcément la mieux adaptée d'un point de vue cutané. Par exemple, la formule reine pour nettoyer la peau reste le lait nettoyant car les tensio-actifs sont bien proportionnés en fonction du volume d'eau, ce qui est doux pour la peau. Dans les formes solides, les actifs sont souvent plus concentrés, donc potentiellement plus agressifs pour l'épiderme. Mais le savon reste le produit d'hygiène de référence quand on ne souffre d'aucune pathologie cutanée.
A quoi doit veiller le pharmacien face à un cosmétique sous forme solide ?
Comme avec n'importe quelle formule, il doit étudier la composition INCI (International nomenclature of cosmetic ingredients) des produits, ce qui suppose d'avoir une bonne connaissance des ingrédients et d'avoir du temps à consacrer à cette démarche de vérification nécessaire.
* Cofondatrice du site www.regard-sur-les-cosmetiques.fr