50 ans d’exercice libéral en santé

Quand la pharmacie se démarque

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Publié le 18/11/2019
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Avec les mutations professionnelles les plus fortes ces dix dernières années, la pharmacie fait figure d’éclaireur dans le système de santé qui se dessine. Elle reste attachée aux échanges avec les autres professions de santé et défend une vision de coopération pluriprofessionnelle pleine et entière.

À l’heure de l’interprofessionnalité, les 50 ans du Centre national des professions de santé (CNPS) – créé à l’initiative de médecins, pharmaciens d’officine et chirurgiens-dentistes – en font une structure visionnaire, dont les objectifs n’ont pas changé depuis 1969. « S’unir pour être une force de proposition et s’imposer comme interlocuteur auprès des pouvoirs publics pour que les Français vivent mieux et plus longtemps, promouvoir les soins libéraux de proximité et accessibles à tous, défendre le secteur libéral en santé et combattre la vision purement économique de la santé », énumère le président du CNPS, François Blanchecotte.

Aujourd’hui, le défi commun à tous les libéraux en santé est de mettre en œuvre l’interprofessionnalité. Ce qui implique de réussir à s’entendre malgré des rancœurs liées aux délégations de tâches, voire de compétences, parfois vécues comme un vol d’activité. « Passer de la coopération imposée à quelque chose construit par nous tous serait de bon aloi. J’assiste au contraire, ces dernières années, à une division, alors même que l’union des professions de santé est une absolue nécessité », souligne Michel Chassang, président du groupe des professions libérales au Conseil économique, social et environnemental (CESE) et président du CNPS de 2007 à 2013. « Je ferai tout pour que cela évolue différemment, continue-t-il, parce que les pouvoirs publics utilisent nos divisions. »

Faciliter le parcours de l’usager

Philippe Gaertner, vice-président de l’Union nationale des professions libérales (UNAPL), vice-président de l’OPCO PEPSS*, ancien président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et du CNPS (2013-2017), répond aux craintes concernant l’évolution métier de l’officine. « Le virage a été pris en 2006 avec la sortie de la réserve hospitalière. Au lieu d’une hausse du dopage à l’EPO comme on a pu l’entendre, la mise à disposition de ces médicaments à l’officine a permis une meilleure accessibilité et une meilleure observance des traitements. » Puis la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) de 2009 a confirmé la casquette de professionnel de santé du pharmacien d’officine. « Ont suivi nombre de dispositions, comme l’introduction des honoraires qui prennent le pas sur la marge commerciale, et la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) de 2012 qui institue les accords conventionnels. De là se développent les missions d’accompagnement des patients qui ne doivent pas être considérées comme un contrôle du prescripteur mais comme un appui de la prescription permettant au patient de s’approprier son traitement. »

Mais, répond Michel Chassang, « dans tout transfert d’activité, comme pour la vaccination antigrippale, il y a des gagnants et des perdants ». Une vision que ne partage pas Philippe Gaertner. « Il s’agit de dispositifs complémentaires entre professionnels de santé pour faciliter le parcours de l’usager. Les patients qui ont l’habitude d’être vaccinés par leur médecin ou leur infirmière ne sont pas la cible, nous visons ceux qui échappent à la vaccination. Nous n’avons aucun intérêt à faire le boulot des autres. »

* Opérateur de compétences des professions de l'entreprise de proximité et de ses salariés

Mélanie Mazière

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3558