En Ille-et-Vilaine

À Pipriac, l'esprit d'équipe pour reconstruire l'offre de soins

Publié le 17/02/2020
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Même à une demi-heure d'une grande ville universitaire, trouver des médecins n'est pas aisé. Pour contrer son désert médical annoncé, Pipriac a créé une triple structure permettant le salariat, associant les collectivités et tous les professionnels. Des années de travail, mais l'objectif est atteint.

Le travail de tous les professionnels de santé et des collectivités locales, « qui ont adhéré à 100 % », a permis à Pipriac (Ille et Vilaine) de passer d'une situation de désert médical annoncé, à une situation devenue satisfaisante. « Il n'y a plus de problème du tout », affirme Arnaud Lemaire, pharmacien, et l'une des chevilles ouvrières de ce retournement.

Pipriac est une petite ville de 3 700 habitants, à une demi-heure au sud de Rennes. Avec les villages alentour, la chalandise se monte à 5 000 à 6 000 personnes. Des trois médecins généralistes, il y a dix ans, deux sont partis. Un seul restait, qui vient de partir à la retraite, le 2 janvier dernier. « Entre-temps, on avait compris qu'il fallait penser à l'avenir », rappelle le pharmacien. La ville compte à présent quatre médecins, plutôt jeunes.

La première partie du travail accompli a consisté à regrouper tous les professionnels de santé autour du médecin et de l'Association d'aide à domicile en milieu rural (ADMR). Sur le site de l'ancienne pharmacie, remodelée et agrandie par la communauté de communes, se sont retrouvés orthophonistes, pédicure, psychologue, diététicienne, sage-femme, kiné et ostéopathe.

SISA

Dans le même temps, était créée une société interprofessionnelle de santé ambulatoire (SISA), pour permettre à tous de mieux travailler ensemble. Tous les professionnels, par exemple, ont accès à une informatique partagée, des réunions patients, avec agenda partagé, peuvent aussi être organisées de façon pluridisciplinaire : « une forte demande des médecins et des infirmiers ; et c'est le médecin Michel Tranchevent, récemment parti à la retraite, qui a mis tous les feux au vert. »

La SISA a aussi obtenu de l'Ordre des médecins une dérogation pour que le Dr Tranchevent travaille avec des « adjuvants », des médecins pouvant alternativement être remplaçants ou collaborateurs. Pipriac s'est ainsi retrouvée avec un médecin principal, plus un remplaçant, plus un collaborateur. Le pilier restant le futur retraité.

« On avait fait le constat, en cherchant de nouveaux médecins, que beaucoup craignaient la charge administrative et cherchaient à se concentrer sur leur métier », observe Arnaud Lemaire. Au cours de la démarche suivante, l'ADMR a donc été transformée en centre de santé polyvalent. Ce travail administratif « énorme », assuré par le binôme Arnaud Lemaire et surtout Emmanuel Patty, le directeur de l'ADMR, devait permettre à la nouvelle structure de porter du salariat. Dès lors, les professionnels, en particulier les médecins, pouvaient choisir leur statut : libéral ou salarié.

Dynamique de groupe

Le dernier étage de la fusée a été la création de l'Association de la maison de santé de Pipriac, le 1er janvier dernier, dont le président est le confrère. Cette association est un prestataire de services pour tous les professionnels de santé.

Deux femmes médecins, dont une adjuvante, se sont depuis installées en libéral, à qui « on a retiré la charge administrative et la solitude ». Une troisième est salariée, et une quatrième exerce déjà, mais ne sera thésée qu'en mars.

« Aux vœux de la mairie, le maire, Marcel Bouvier, a eu la gentillesse de nous remercier », d'avoir conservé à la commune une offre de soin convenable, souligne Arnaud Lemaire. Mais le pharmacien de Pipriac renvoie le compliment à la dynamique de groupe créée entre tous les professionnels de santé, bien comprise et reprise par la collectivité publique. « Seul, personne ne pouvait rien faire ; c'est l'excellent esprit d'équipe qui a tout permis », conclut-il, sans cacher sa grande satisfaction sur le plan personnel d'avoir contribué à réaliser des choses constructives.

Jacques Gravend

Source : lequotidiendupharmacien.fr