Incendie d’usine à Rouen

« Les personnes fragiles doivent consulter »

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Publié le 03/10/2019
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Jeudi 26 septembre à 2 h 40, un incendie impressionnant ravageait une partie de l’usine Lubrizol à Rouen (Seine-Maritime), classée Seveso seuil haut. Mobilisant des centaines de pompiers, le feu a provoqué un immense panache de fumée et des dépôts de suie sur des centaines de kilomètres. Face aux inquiétudes sanitaires légitimes de la population, un pharmacien témoigne.
Rouen

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Crédit photo : AFP

Depuis jeudi, les visites ministérielles se succèdent et la préfecture de Seine-Maritime multiplie les messages d’information sur la situation. Mais la population n’est pas convaincue par leurs propos rassurants et leurs promesses de totale transparence. Pharmacien titulaire à Darnétal, à 7 km du site incendié, Pierre-Yves Queïnnec comprend les craintes de ses concitoyens et tente depuis une semaine d’en désamorcer certaines.

Quand une razzia est survenue sur les masques chirurgicaux de type FFP2 dans les pharmacies rouennaises, lui n’en a distribué que quelques-uns. « D’abord parce que j’en avais peu. Ensuite parce que ces masques ne protègent pas des gaz ou des odeurs, et donc à mon sens n’avaient pas d’utilité dans le contexte. Je ne savais pas comment les facturer et ça m’embêtait de vendre un dispositif qui me semblait inutile, je les ai donc donnés. » Mais lorsqu’il apprend, samedi dernier, que la toiture qui a pris feu contenait de l’amiante, le doute s’immisce dans son esprit. Même si les masques FFP2 ne filtrent pas les particules très fines comme l’amiante. « Face au manque d’informations et de consignes claires, je ne jette pas la pierre aux confrères qui ont vendu un grand nombre de ces dispositifs. J’ai néanmoins été rassuré d’entendre le directeur du SAMU de Rouen tenir le même discours que moi sur l’utilité des masques. »

Communication parcellaire

Son premier souci a été de sécuriser ses patients fragiles. « J’ai des plaintes au comptoir de toux ou d’irritation de la gorge, qui n’ont pas de gravité chez la plupart des gens mais qui sont un signal d’alerte chez les personnes asthmatiques, allergiques, etc. Le conseil pharmaceutique doit alors être approfondi et se conclure sur le principe : vous êtes fragiles, vous devez consulter votre médecin traitant. » Mais lorsqu’il retire sa casquette de pharmacien, Pierre-Yves Queïnnec retrouve immédiatement celle de père de famille et s’inquiète. « Ma famille habite à Mont-Saint-Aignan, dans l’axe parfait du panache de fumée. Nous avons été très impactés et je suis naturellement très préoccupé pour mes enfants, ma famille, mes amis. » En tant que père de famille et professionnel de santé, ce confrère ne met pas en doute la parole publique mais regrette une communication parcellaire qui ne rassure pas les citoyens.

M. M.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3545