Assurance-maladie en Allemagne

Les caisses sont pleines, celles des pharmaciens se vident

Publié le 09/07/2012
Article réservé aux abonnés
En dépit des excédents toujours plus importants de l’assurance-maladie allemande, qui devraient atteindre en fin d’année la somme rondelette de 27 milliards d’euros, contre 20 au début 2012, les pouvoirs publics refusent toujours d’augmenter la rémunération des pharmaciens, qui lancent ces jours-ci une campagne de communication sur le thème de l’économie et de la disparition des officines.
L’affiche de la campagne....

L’affiche de la campagne....
Crédit photo : dr

ALORS QUE les bonnes nouvelles sur les finances de l’assurance-maladie en Allemagne ne cessent de se multiplier, la dernière étant une baisse de 2,2 % des dépenses pharmaceutiques en mai 2012 par rapport à mai 2011, les pharmaciens, eux, se sentent de plus en plus le dos au mur : bloqué depuis 2004, leur honoraire de 8,10 euros par boîte ne suffit plus, selon eux, à financer toutes les missions de leurs officines. Le nombre des fermetures de petites officines, désormais non rentables, ne cesse de s’accroître et l’on atteint actuellement le rythme de 200 fermetures par an, soit quatre par semaine.

Face au marasme, le syndicat régional des pharmaciens du Bade-Wurtemberg (sud-ouest de l’Allemagne, contigu à l’Alsace) lance une campagne de communication et d’affichage sur ce thème, qui devrait être prochainement reprise au niveau national. Le président de ce syndicat régional (LAV), Fritz Becker, est en effet aussi le président du syndicat national (DAV). Les pharmaciens alertent les patients sur les problèmes rencontrés désormais par les officines, alors que le gouvernement continue de faire la sourde oreille à leurs revendications. Ce dernier estime notamment que, en dépit du blocage de l’honoraire, le volume des ventes a augmenté ces dernières années, ce qui compense sa non-revalorisation. Par ailleurs, de nombreux médicaments très chers, sortis de la réserve hospitalière ces dernières années, restent soumis à la marge, et constituent donc un revenu supplémentaire pour les pharmaciens, qu’ils n’avaient pas auparavant. Les pharmaciens, eux, rejettent ces arguments et continuent de lutter pour que l’honoraire atteigne au moins 9,14 euros, somme qu’il devrait logiquement atteindre en tenant compte de la hausse du coût de la vie et des différents indices ayant servi à le calculer.

Les négociations ne sont pas totalement rompues, et de nouvelles discussions sur le sujet pourraient reprendre après l’été, ont annoncé ces jours-ci les autorités sanitaires allemandes. Un éventuel compromis pourrait même être trouvé autour de 8,60 euros.

Légende :

L’affiche de la campagne.

En gros titre : « Chaque semaine, 4 pharmacies ferment en Allemagne. »

« Pour pouvoir continuer à rester près de vous, nous avons besoin d’une rémunération adaptée aux missions. »

En bas : « Défendez votre pharmacie locale. »

DENIS DURAND DE BOUSINGEN

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2937