Des automates à la place des pharmaciens

Allemagne : Doc Morris investit dans la télépharmacie

Publié le 03/03/2016
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Jamais à court d’idée, même si elle est loin de les concrétiser toutes, la pharmacie virtuelle germano-hollandaise Doc Morris envisage d’installer des distributeurs de médicaments, complétés par un dispositif de télépharmacie, dans des officines rurales n’ayant plus de titulaires. Un premier projet pourrait voir le jour dès cet été dans le Bade-Wurtemberg.

Il y a un an, le pharmacien de la petite commune de Hüffenhardt, dans les environs de Heidelberg, est parti à la retraite sans trouver de successeur : depuis, les habitants de ce village de 2 000 habitants doivent acheter leurs médicaments dans les pharmacies des environs, mais la situation pourrait changer si l’accord élaboré entre Doc Morris et la mairie du village se concrétise.

La pharmacie virtuelle souhaite en effet reprendre les locaux vides de la pharmacie, qui appartiennent à la mairie, pour y installer des automates capables de stocker et de distribuer environ 8 000 médicaments, réservés ou non à la prescription. Mais, pour éviter de ne faire de l’ancienne officine qu’un simple guichet de distribution comme il en existe déjà un certain nombre dans le pays, le dispositif serait complété par un équipement vidéo, mettant les patients en relation avec des pharmaciens travaillant pour la société.

Le patient se rendrait donc à la pharmacie muni de son ordonnance, qui pourrait être traitée à distance par le pharmacien, lequel lui donnerait aussi tous les conseils nécessaires à son bon usage. De même, les pharmaciens pourraient proposer des médicaments conseil à l’issue d’un entretien vidéo, comme ils le font dans le cadre d’une rencontre réelle.

L’offre de Doc Morris a suscité un vif intérêt dans les médias locaux et auprès de la population, mais intrigue les pharmaciens du secteur qui ne voient pas forcément d’un très bon œil ce géant de la pharmacie Internet mettre les pieds dans la pharmacie rurale. Il y a deux ans, les pharmaciens avaient d’ailleurs bloqué une autre initiative de Doc Morris, qui voulait faire circuler un « bus pharmacie » dans des zones rurales dépeuplées et sans pharmacies proches.

Le groupe assure que son projet est expérimental et unique, et jure de ne pas préparer une offensive de grande ampleur dans ce secteur. Il souhaite, de même, ne pas se heurter aux pharmacies traditionnelles et les assure de sa bonne foi. Un côté tout doux qui ne convainc pas pour autant les organisations professionnelles, un peu inquiètes de l’aspect loup dans la bergerie de l’opération…

Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3245