Convoqués en urgence par le ministère de la Santé mercredi 16 juillet en fin d’après-midi, les syndicats de pharmaciens et les représentants des industriels du médicament se sont vu présenter l’arbitrage décidé par Matignon concernant le plafond de remise sur les médicaments génériques. Le compte n’y est toujours pas…
Un plafond à 30 % pour les remises sur les génériques et à 15 % pour les biosimilaires : tel est l’arbitrage rendu par Matignon, appelé à trancher dans ce sujet qui concerne à la fois le ministère de l’Économie et celui de la Santé. Alors que l’on annonçait une volonté du gouvernement d’appliquer un plafond de remise à 20 ou 25 % sur les génériques, la proposition de Matignon est donc légèrement revue à la hausse. Elle n’en reste pas moins « inacceptable » pour les syndicats représentant la profession, qui n’entendent pas se satisfaire d’aussi peu. « Ce n’est pas possible, le gouvernement ne nous entend pas, déplore Philippe Besset, président de la Fédération de syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Je partage l’objectif qui a été présenté par le Premier ministre en matière d’économies. Je suis d’accord sur le fait que chacun doive faire des efforts mais cette mesure sur les génériques ne va pas rapporter d’argent, elle va simplement causer des problèmes aux pharmaciens et ce, alors que notre profession est toujours partante pour aller de l’avant », tient-il à souligner. « Le gouvernement table sur une trajectoire pluriannuelle ultra-favorable à la pénétration des médicaments biosimilaires sur le marché français, alors que l’abaissement du plafond des remises sur les génériques ne sera pas compensé, à court ou moyen terme, par les remises sur les biosimilaires », souligne également l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), qui rappelle les conséquences catastrophiques qui attendent le réseau si ce projet va au bout : « Une mise en péril programmée d’environ 6 000 pharmacies, soit 30 % des officines », selon le syndicat.
Le taux de 15 % qui s’appliquerait aux biosimilaires apparaît lui aussi bien insuffisant. D’autant plus que le développement de ces médicaments, encore embryonnaire, ne va pas concerner toutes les pharmacies à un même niveau. « Ce taux de 15 % pour les biosimilaires n’a pas de sens non plus. Il faut un vrai signal pour permettre à ce marché de se lancer », estime Philippe Besset, qui tablait plutôt sur un plafond de remise entre 20 et 25 % pour les biosimilaires.
Si la déception prédomine, hors de question d’abandonner le combat pour la FSPF et l’USPO, qui doivent décider ce jeudi 17 juillet de la suite des actions à mener. Le ministère de la Santé devra modifier l’arrêté de prolongation (qui maintient un plafond de remise à 40 % pour les génériques) avant le 1er août, pour une application concrète à l’automne. Il reste donc encore un peu de temps pour faire fléchir l’exécutif. « Rien n’est définitif tant que l’arrêté n’est pas au « Journal officiel » », insiste Philippe Besset. Pour le président de la FSPF, il est néanmoins important que les pharmaciens se coordonnent mieux pour que cette mobilisation soit efficace. « Il ne faut pas que chacun fasse son action dans son coin. Il faut qu’elles soient visibles et suivies par tout le monde », déclare-t-il.