Le Quotidien du pharmacien.- Peut-on dire que l’économie officinale renoue avec la normalité ?
David Syr.- Il est difficile et prématuré de le dire aujourd’hui, mais une chose est certaine, l’activité officinale s’est réapproprié la prise en charge de la santé au sens large. Elle a su s’adapter entre marchés porteurs et d'autres plus fragiles. L’un des signes tangibles de cette réussite est la hausse du panier moyen dans le segment « conseil » en dépit d’une baisse du trafic.
L’officine a joué à plein son rôle de conseil. On va moins à la pharmacie qu’en 2019 mais on fait confiance au pharmacien et on lui demande conseil. En retour, l’officine a su trouver sa place dans l’accompagnement du patient. Ainsi, des secteurs comme l’hygiène, les soins du corps et du visage, le sommeil, la vitalité, l’immunité et les défenses naturelles ou le vétérinaire ont été dynamisés pendant cette période.
A contrario, d’autres segments de conseil, et plus particulièrement l’OTC, ont souffert de l’absence de pathologies hivernales. Dans ce contexte, comment l'officine a-t-elle réagi ?
Naturellement, s’il n’y a pas de pathologies hivernales il n’y aura pas nécessité à conseiller le patient dans ce domaine. Mais ce serait méconnaître les relais qui existent dans le conseil. La preuve qu’il est possible de répondre à un besoin, des segments comme le sommeil et le stress ont connu une belle dynamique durant l’épidémie. Mais ces ventes ne se traduisent pas obligatoirement dans le segment de TVA à 10 %, on les retrouve dans les compléments alimentaires, en TVA à 5,5 %, voire dans les produits à TVA 20 % pour ceux qui ont le statut de dispositifs médicaux.
Autres révélations de cette crise, l’essor qu’ont connu des produits comme les huiles essentielles et les assainissants. Est-ce un effet transitoire ou durable ? Il est encore tôt pour se prononcer. En tout cas, les Français ont pris conscience de l’importance de l’hygiène bucco-dentaire ! Les chiffres parlent pour eux.
Avec les tests antigéniques et la vaccination, l’officine s’est découvert de nouvelles compétences et a investi de nouveaux marchés. L’économie officinale peut-elle miser à l'avenir sur ces segments ou ne sont-ils qu’éphémères ?
Les tests antigéniques et la vaccination, dans leur phase d’initiation, vont évoluer. La réalisation des tests antigéniques a requis une capacité d’adaptation remarquable en termes d’organisation, de formation et de traçabilité. Ces dispositifs vont sans doute connaître un développement pérenne dans la prévention et le dépistage. Quant à la vaccination à l’officine, initiée avec la grippe, elle s’est imposée avec le Covid. Les espaces de vaccination dans les officines deviennent de plus en plus naturels…
De manière générale, ces 14 mois auront donné aux pharmaciens l’opportunité de renforcer leur rôle dans la chaîne des acteurs de santé. Le réseau officinal a démontré son élasticité face à la demande, il a prouvé qu’il pouvait mailler le territoire et il a été en capacité de répondre aux besoins de santé de la population sous toutes leurs formes.