Un avertissement en santé publique

Inquiétudes sur le sperme des Français

Publié le 10/12/2012
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Le nombre et la qualité des spermatozoides ont diminué en seize ans

Le nombre et la qualité des spermatozoides ont diminué en seize ans
Crédit photo : MediaforMedical/DOC-STOCK / KAGE

SELON UN TRAVAIL français, la concentration en spermatozoïdes du sperme des hommes en France a suivi une pente décroissante stable entre 1989 et 2005. Les chercheurs ont calculé que, à l’âge moyen de 35 ans, les concentrations en spermatozoïdes des Français sont passées en moyenne de 73,8 en 1989 à 49,9 millions/ml. En parallèle, il y a eu une réduction des formes normales des spermatozoïdes.

L’étude est d’importance, puisqu’elle a porté sur plus de 26 000 hommes recrutés dans la base de données FIVNAT, qui collecte des informations de 126 centres d’AMP (assistance médicale à la procréation) en France. Les problèmes de fertilité des couples considérés étaient dus à des causes féminines. Sur une période de dix-sept ans, il y a eu une décroissance significative et continue de la concentration en spermatozoïdes du sperme, au taux de 1,9 % par an. Ainsi qu’une réduction de 33 % du pourcentage des formes normales des spermatozoïdes. Des constatations qui ne peuvent être extrapolées à d’autres pays, mais qui peuvent être rapprochées de chutes similaires observées ailleurs.

Les valeurs moyennes encore dans les normes.

Joëlle Le Moal, épidémiologiste à l’Institut de veille sanitaire et l’un des auteurs de l’étude, déclare : « Les valeurs moyennes en 2005 restent dans les normes de la fertilité définies par l’OMS. Mais cela signifie que certains individus se situent en dessous de ces normes. »

« C’est à notre connaissance la première étude concluant à une réduction sévère et générale de la concentration et de la morphologie des spermatozoïdes à l’échelle d’un pays et pendant une période substantielle, soulignent les auteurs. Cela constitue un avertissement en santé publique. Le lien avec les particularités de l’environnement doivent être déterminés. » En particulier avec les perturbateurs endocriniens, souligne J. Le Moal.

Human Reproduction, 4 décembre 2012.

› Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2967