Étiquetage du médicament

Sale temps pour les marques

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Publié le 03/01/2019
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L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a entamé en début d’année un grand ménage dans les rayons des pharmacies. Elle en a d'abord banni les marques ombrelles auxquelles elle reprochait de mélanger les genres au sein des produits de prescription médicale facultative. Elle a également émis des recommandations pour standardiser les boîtes de médicaments. Au grand dam des laboratoires.
ansm

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Crédit photo : phanie

Les risques de confusion sont au cœur du débat qui a opposé au premier semestre, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et les laboratoires au sujet des marques ombrelles et des nouvelles recommandations d’étiquetage des médicaments.

D’un côté, l’Agence du médicament argue de risques de confusion entre médicaments, dispositifs médicaux, voire compléments alimentaires, qui détiennent le même nom ou un nom similaire pour justifier de la fin des marques ombrelles. De leur côté, les fabricants estiment qu’un emballage gommant toute mise en avant du nom de marque au profit du principe actif, ajoute à la confusion. En un mot, ils fustigent ce « paquet neutre » qui résulterait, selon eux, des nouvelles recommandations émises par l'ANSM en matière d'étiquetage des boîtes.

Ce dont se défend l’Agence du médicament. Chartes graphiques et signes distinctifs à l’appui, l’ANSM démonte les réticences des laboratoires. Les éléments d’identification tout comme ceux nécessaires au bon usage du médicament persisteront sur l’emballage, promet-elle.

Le Conseil d'État saisi

L’Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (AFIPA) n’en est pas convaincue. Déjà échaudés par la fin des marques ombrelles, ces laboratoires qui commercialisent des médicaments à prescription médicale facultative (PMF) ont fait part de leur désaccord avec ces nouvelles réglementations. Ceci d’autant, affirment-ils par la voix de l'AFIPA, simulations à l’appui, que la taille des boîtes va nécessairement devoir croître au regard du nombre des mentions obligatoires qui devront y figurer.

L’ANSM s’est empressée d’étouffer la polémique à grand renfort de pédagogie, affirmant que « les recommandations n’incitent pas à la suppression du nom de marque mais visent à ce qu’il ne soit pas prédominant ». Et d’ajouter « ces recommandations n’ont pas valeur d’obligation ». Une précision dont ne se satisfait pas l’AFIPA qui a saisi le Conseil d’État. Pascal Brossard, vice président de l’association, réclame une révision de la mesure de l’ANSM qui n’ajoute, selon lui, aucun bénéfice aux patients. Bien pire, il prévient que le jour où il y aura un problème de sécurité avec les packs de l’ANSM, « et cela arrivera », il ne faudra pas incriminer les industriels.

Marie Bonte

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3483