Humeur

Le fugitif

Publié le 26/11/2015
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On cherche, sans le trouver, Salah Abdeslam, sujet belge et terroriste, qui, au moment de se suicider, a préféré jeter sa ceinture d’explosifs dans une poubelle de Montrouge et rentrer en Belgique. On se perd en conjectures sur ce qui lui est arrivé. Les journaux se plaisent à imaginer que, à la dernière seconde, il a eu peur de mourir, ce qui serait une exception dans la catégorie des assassins kamikaze, tous censés finir dans un feu d’artifice. En voilà un au moins qui ne haïssait pas autant la vie que ce que lui ont fait croire les criminels qui l’ont manipulé et même, ce qui serait en l’occurrence prodigieux, qui aurait peur de la mort. Il a au moins compris qu’il est plus facile de tuer que de se sacrifier soi-même. Que l’entreprise funeste qu’il a engagée n’était peut-être pas la meilleure idée du monde. Qu’après avoir tiré dans la foule, il n’était pas tout à fait persuadé qu’il irait au paradis. Qu’il préférait la cavale, la solitude, le dénuement, la peur, le danger à une mort immédiate. Bref un monstre un tout petit peu moins hideux qu les autres. Mais à peine.

RICHARD LISCIA

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3220