Le blues des infirmiers

Salaire moyen inférieur à la moyenne nationale, considération insuffisante, méconnaissance de leur pratique par les pouvoirs publics et les autres professionnels de santé… Les infirmiers ont le blues. 63 % d'entre eux expriment « très souvent » un sentiment d'épuisement professionnel, selon un questionnaire auquel ont répondu plus de 20 000 infirmiers. Faire évoluer la profession est une priorité pour l'Ordre national des infirmiers qui a remis un livre blanc et 26 propositions à la ministre de la Santé le 8 novembre. Pour améliorer leurs conditions d'exercice, l'Ordre préconise notamment un élargissement de la prescription. Les ordonnances infirmières devraient, selon lui, concerner le matériel nécessaire à l'autonomie, les actes de soins des plaies aiguës ou les actes biologiques pour des patients atteints de maladies chroniques, et les antalgiques, dans le cadre de la lutte contre la douleur et les soins palliatifs. « Tous les jours nous délivrons du paracétamol, modifions la prescription d'un pansement, affirme ainsi une infirmière consultée pour la réalisation de ce livre blanc. La désertification médicale nous pousse à prendre des décisions rapidement mais nous sommes tous inquiets et avons peur des conséquences. »

Comme l'évoque le document, de nombreux infirmiers « pratiquent hors prescription médicale ou adaptent des traitements dans l'intérêt supérieur du patient ». Si parfois la situation est légalisée grâce à la prescription d'un médecin a posteriori, le cadre réglementaire est jugé trop contraignant par de nombreux infirmiers, qui y voient un manque de reconnaissance de leurs compétences. « Aux patients diabétiques, on peut prescrire tout ce qui est consommable, mais pas le lecteur de glycémie, ce qui est une difficulté quand on est à domicile », regrette une autre infirmière interrogée.

Parmi les autres propositions réunies dans ce livre blanc, on retrouve également, et sans surprise, la possibilité de vacciner tous les adultes sans prescription médicale. L'extension des compétences en matière de vaccination est en effet souhaitée par 87 % des infirmiers.