Humeur

La farce du destin

Publié le 10/03/2016
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On nous prédit depuis cinq ans l’inondation centennale de Paris parce que la dernière en date a eu lieu en 1910. Cela fait maintenant cinq ans que des Nostradamus météorologistes, frustrés de ce que les Parisiens aient toujours le pied sec, jurent qu’il ne s’agit que d’une question de jours, de mois, de semaines, que l’inondation est inévitable et que, par une conjonction de caprices saisonniers, elle aurait, sur notre capitale connectée et confortable, un effet désastreux.

C’est tout juste s’ils ne nous expliquent pas que, pour nous sentir mieux, il serait préférable que nous subissions la centennale une bonne fois pour toutes et après la vie serait belle jusqu’en 2116. Mais d’autres, trop respectueux de la science pour se livrer à des prévisions, font remarquer qu’il faut un concours de circonstances pour produire un raz-de-marée à Paris et que, tout de même, on a fait des aménagements susceptibles d’empêcher le pire.

De toute façon, le prophète n’est ridicule que lorsque le déluge n’a pas lieu. Le sceptique, lui, est respecté pour la même raison. Même si la centennale ne se produit que dans dix ou vingt ans, il y aura toujours des gens pour vous rappeler qu’ils avaient été les premiers à l’annoncer.

Richard Liscia

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3247